Alcool et grossesse : ces études qui brouillent les pistes

17 octobre 2013

Alors qu’il semble y avoir consensus sur la question des risques associés à la consommation d’alcool en cours de grossesse, les études sur le sujet se multiplient ces derniers mois. Et les résultats contradictoires aussi ! Illustration : un travail récent selon lequel l’alcool consommé en début de grossesse ne serait pas dangereux pour le fœtus ! De quoi brouiller un peu plus les messages de prévention. Et irriter les médecins…  

Publiée dans la revue Obstetrics&Gynecology, cette étude a été centrée sur la consommation de 5 600 femmes (Américaines, Anglaises, Australiennes, Irlandaises, Néo-zélandaises) nullipares. Autrement dit, qui n’ont jamais accouché. Toutes ont été interrogées aux alentours de leur quinzième semaine de grossesse.

Les résultats ont de quoi surprendre. Au total, 19% d’entre elles ont déclaré consommer un ou deux verres par semaine, 25%, entre 3-7 verres hebdomadaires, 11% entre 8 et 14 verres et 5%, plus de… 14 verres ! La conclusion est aussi très inattendue puisque selon les auteurs, aucune différence selon les consommatrices d’alcool et les abstinentes n’a été relevée. En termes notamment de risque d’accouchement prématuré, de naissance d’un bébé de petite taille et de pré-éclampsie.

Du verre au… fœtus !

Comme nous l’explique le Dr Alain Rigaud, Président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), « ce genre de résultat est vraiment de nature à susciter le doute chez les futures mères alors que la recommandation d’abstention n’est pas encore reçue par toutes. »

Actuellement ajoute-t-il, « la seule certitude que nous ayons est qu’il n’a jamais été identifié de manière générale de seuil de consommation sans risque pour le fœtus. A partir de là, la meilleure recommandation est de s’abstenir de consommer de l’alcool en cours de grossesse ».

De son côté, le Dr Catherine Simon, addictologue au CHU de Brest et membre de l’ANPPA ajoute que « tout alcool bu parvient jusqu’à l’enfant. C’est pourquoi, nous incitons les femmes qui ont une consommation d’alcool à risque et qui viennent d’apprendre qu’elles portent un bébé de s’interroger sur leur rapport à cette substance. Et surtout d’en parler à leur médecin. » Sans attendre.

Rappelons qu’il existe en France une campagne intitulée « Zéro alcool pendant la grossesse ». Elle vise notamment à prévenir le risque de syndrome d’alcoolisation foetale (SAF). Celui-ci constitue en effet la première cause de handicap mental non génétique évitable dans notre pays. Où, chaque année, entre 700 et 3 000 enfants seraient victimes de ce syndrome caractérisé notamment par des troubles du système nerveux central.

Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : Obstetrics&Gynecology, octobre 2013 – Interview du Dr Alain Rigaud, 16 septembre 2013 – Interview du Dr Catherine Simon, 18 septembre 2013

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