Comment les hôpitaux gèrent leurs déchets ?

05 avril 2011

Le secteur hospitalier en France, produit environ 700 000 tonnes de déchets solides par an. Soit un volume qui représente 2% à 4% des déchets ménagers. « Même si de nombreuses procédures ont été mises en place, le chiffre est en augmentation incessante ces dernières années », nous explique Marie-Christine Burnier, en charge du développement durable au sein de la Fédération hospitalière de France (FHF).

Quels déchets à l’hôpital ? Environ 70% à 80% de ce volume est assimilé à des déchets ménagers : papier, carton, bois, emballages divers, piles, consommables informatiques, mobilier, déchets alimentaires… Rien que de très banal donc, mais cela représente tout de même plus de 500 000 tonnes de déchets qui doivent être « gérés ».

Une part importante est également constituée des DASRI, qui recouvrent les Déchets d’Activités de Soins à Risques infectieux ». « Ces déchets présentent un risque infectieux, du fait de la présence de micro-organismes visibles ou de toxines », tels que les définit la Mission nationale d’Expertise et d’audit Hospitaliers (MEAH). Il s’agit de matériaux piquants comme les seringues, coupants, tranchants et autres matériaux de soins (tubulures, sondes, drains, canules…) et même des « déchets anatomiques non identifiables ».

« Tous les DASRI sont soumis à un conditionnement, un marquage, un étiquetage et un transport bien spécifique », enchaîne Gilles Laridan, responsable du service économique au Centre de Lutte contre le Cancer Alexis Vautrin, de Nancy. A tel point que le coût de gestion d’une tonne de ces déchets est dix fois plus élevé que celui d’une tonne de déchets ménagers !

Il existe enfin d’autres catégories de déchets hospitaliers, moins importantes en termes de volumes mais non négligeables. Il s’agit des médicaments, des déchets d’activités de soins radioactifs, des déchets radiographiques, des amalgames dentaires et encore des déchets anatomiques « clairement identifiés ». Autrement dit, des pièces opératoires (membres, organes…). Tous ces déchets relèvent « d’une filière spécifique », reprend Gilles Larridan. « Une fois conditionnés, ils sont emmenés au crématorium ».

Un personnel sensibilisé. Comme l’explique Marie-Christine Burnier, « un établissement qui ne trie pas ses déchets comme les cartons, papiers et autres, est très mal vu de son personnel. Celui-ci est généralement très sensibilisé même si au quotidien, c’est parfois compliqué. La gestion des déchets vient en effet s’ajouter aux gestes de soins déjà très complexes ». Gilles Laridan poursuit : « c’est la raison pour laquelle, il convient vraiment de tout en mettre en oeuvre dans chaque établissement pour que la gestion des déchets soit la plus simple et la plus ergonomique possible. Dans le but de faciliter le travail des personnels ».

La gestion du matériel à usage unique, le défi des années à venir. « Pour des raisons d’hygiène et de sécurité des soins, l’utilisation de matériel à usage unique a explosé ces dernières années », explique Marie-Christine Burnier. « Nous sommes là, confrontés à une vraie question de développement durable, sachant que la sécurité des soins restera bien évidemment toujours privilégiée ». Pour l’heure, les seules solutions que nous ayons trouvées portent sur des conditionnements adaptés. En attendant mieux.

  • Source : Interview de Marie-Christine Burnier et Gilles Larridan, 28 mars 2011 - Mission nationale d’Expertise et d’audit Hospitaliers (MEAH), La gestion des déchets hospitaliers dans les établissements de santé

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