Dons d’organes : plus d’information, plus de confiance

16 juin 2011

Sujet sensible, le don d’organes touche à la représentation de la mort et à nos rapports au corps. Il n’est pas surprenant que ce geste pourtant essentiel, fasse encore l’objet d’un débat éthique épineux. Le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) a rendu aujourd’hui son avis sur la question. Ses conclusions se résument en sept recommandations. Elles incitent notamment à mieux informer le futur donneur (et ses proches) ainsi que les personnels hospitaliers.

L’avis du CCNE « concerne seulement les transplantations d’organes comme le rein, le foie, le cœur, le pancréas, etc… La greffe de tissus ou de cellules soulève des questions éthiques d’un autre ordre » souligne le Comité.

– Le don d’organe est un geste volontaire et gratuit qui doit être réfléchi et décidé au niveau individuel. Pour faciliter cette décision, le CCNE estime nécessaire de « diffuser bien plus largement l’information sur les conditions légales du prélèvement post-mortem ». Les donneurs – mais également ceux qui ne souhaitent pas le devenir – devraient être tous incités à en informer leurs proches. Cette information permettrait à ces derniers de « mieux témoigner de la volonté du défunt auprès du personnel en charge de la coordination hospitalière du prélèvement ».

– Pour le CCNE, il est primordial par ailleurs, de maintenir au sein des services hospitaliers « une séparation nette entre les équipes chargées de la réanimation et celles (qui sont responsables) du prélèvement ». En effet, le travail des réanimateurs doit rester concentré sur « l’intérêt du patient ». Tandis que les équipes chargées du prélèvement n’interviennent qu’ « après le constat de la mort ». Leur rôle consiste également à « veiller à la meilleure restitution possible du corps ».

– Si l’information du public est essentielle en matière de dons d’organes, celle des personnels hospitaliers l’est tout autant. « L’information sur les circonstances de la mort susceptibles de donner lieu à des prélèvements post-mortem » devrait être améliorée, estime notamment le Comité.

– Le nombre de professionnels responsables de la coordination de la transplantation doit également être augmenté dans des proportions importantes. A ce jour, ces derniers restent « trop peu nombreux en France ». Leur travail consiste en particulier à assurer le suivi des donneurs vivants « bien après le don » lui-même.

– Comme le don d’organe est un sujet éminemment délicat, le vocabulaire qui lui fait référence l’est tout autant. Le CCNE estime ainsi préférable de substituer « à l’inexactitude de l’expression « don cadavérique », celle plus conforme à la réalité – et moins traumatique – de « prélèvement d’organes post mortem » ». Autre point de rhétorique : le mot « pénurie ». « Il semble préjudiciable au principe éthique du don », ajoutent les auteurs de l’avis.

– La confiance du public dans le personnel en charge de la coordination hospitalière du prélèvement est essentielle pour promouvoir le don d’organes. Pour le CCNE, leur travail « ne doit jamais apparaître comme une intrusion dans la vie intime des proches du défunt ».

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter l’intégralité de l’avis du CCNE.

  • Source : Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CNCE), 15 juin 2011

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