Le cancer colorectal bientôt prévisible ?

16 mars 2012

L’INSERM annonce la mise au point d’un test qui permettrait d’identifier les patients à risque de cancer colorectal. Une découverte qui fait écho à une déclaration faite par Nora Berra le 1er mars dernier. La secrétaire d’Etat chargée de la Santé y annonçait le lancement pour 2013, d’un nouveau test immunologique de dépistage du cancer colorectal, aujourd’hui basé sur la seule détection de sang occulte dans les selles. Les deux nouvelles rendues publiques cette semaine, sont assurément deux très bonnes nouvelles. Car si le cancer colorectal est dépisté et traité précocement, le taux de survie à 5 ans est de plus de 90 %, et les traitements incomparablement moins lourds.

Troisième cancer le plus fréquent chez l’homme (21 500 cas), après ceux de la prostate et du poumon et deuxième chez la femme (19 000 cas) après celui du sein, le cancer colorectal fait donc depuis 2009, l’objet d’un programme de dépistage organisé qui vise à en réduire la mortalité. Il y a fallu des années d’une lutte incessante de la part des professionnels…

INSERM : reconnaître les patients à risque

« A l’heure actuelle, la coloscopie est l’un des moyens les plus performants pour détecter les stades précoces du cancer du côlon et en particulier les polypes » explique Catherine Seva, directrice de recherche INSERM au Centre de Recherche en cancérologie de Toulouse (CRCT). « Ces polypes une fois détectés, sont systématiquement retirés par chirurgie, qu’ils soient bénins ou malins. Nous avons observé dans ces polypes la présence d’une protéine particulière, la progastrine. Et cette dernière joue un rôle important dans le développement du cancer du côlon ».

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont suivi 74 patients, tous opérés de polypes totalement bénins. Au cours des dix années de suivi, la totalité des patients qui ont présenté des taux élevés de progastrine ont ensuite développé une lésion précancéreuse. Au contraire, ceux dont le taux de progastrine était faible n’ont pas développé de lésions. La mesure du taux de progastrine apparait donc comme un bon indice pour identifier les patients à risque.

«Alors qu’aucun suivi n’est recommandé à l’heure actuelle, mesurer l’expression de la progastrine dans les polypes permet de connaître la population à risque de lésion précancéreuse» explique-t-on à l’INSERM. « Nous souhaiterions donc proposer de façon systématique une détection des taux de cette protéine dans les polypes bénins, et ainsi proposer aux patients un suivi coloscopique ».

Nora Berra : « Un test immunologique pour 2013 »

De son côté, la secrétaire d’Etat chargée de la Santé, Nora Berra, a fait savoir à l’occasion de la campagne Mars bleu (le mois national de mobilisation contre le cancer colorectal –ndlr), que le nouveau test immunologique pour le dépistage du cancer colorectal allait être lancé dès 2013.

Ce test se fera à partir d’un prélèvement unique de selles, au lieu de six prélèvements effectués sur trois jours successifs pour le test actuel. Objectif : mettre en évidence la présence de sang qui pourrait être due à des lésions cancéreuses ou précancéreuses, au niveau du côlon.

« Différentes études montrent que ces tests permettent de détecter entre 2 et 2,5 fois plus de cancers, et de 3 à 4 fois plus d’adénomes avancés que le test actuel, avec cependant un nombre de coloscopies au moins 2 fois plus important » est-il expliqué sur le site de l’Institut national du Cancer (InCA). « Les gains de sensibilité associés aux tests immunologiques concernent davantage les lésions précancéreuses, et ils diagnostiquent plus souvent des cancers localisés à un stade débutant. »

Un test moins contraignant, pour un dépistage plus précoce. Autant de raisons qui devraient permettre d’améliorer le taux de participation au programme. « La réalisation plus simple de ce test devrait permettre aux médecins généralistes de convaincre plus facilement leurs patients de le faire » conclut l’InCA.

Légendes photos:
– visuel du haut : Marquage en immunohistochimie d’un polype bénin hyperplasique qui ne présente pas de marquage de progastrine.

– Visuel du bas: Marquage en immunohistochimie d’un polype bénin hyperplasique qui présente un marquage de progastrine.

  • Source : INSERM – InCA, sites consultés 15 mars 2012

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