Quand l’enfant se fait de plus en plus désirer…

18 septembre 2008

Entre les femmes dont le taux de fécondité est à la baisse et la fertilité masculine qui s’effondre, il flotte comme un air de déroute dans bien des couples du XXIème siècle. En France, comme dans beaucoup de pays développés.

Evolutions sociales mais aussi pollution, infections sexuellement transmissibles, mauvaise alimentation, tabagisme… les raisons du retard -parfois préoccupant- à la première grossesse sont multiples. Or pour gagner la course d’obstacles bien des solutions - qu’elles soient d’ordre individuel ou relevant d’une démarche de couple - sont disponibles. La procréation médicalement assistée (PMA) dont on parle beaucoup dans les médias, n’est évidemment pas une solution de premier recours. Si l’infertilité n’est plus une fatalité, dans ce domaine plus que jamais c’est aussi le règne de « aide toi, le ciel t’aidera… ». Ce constat récent commence à s’imposer comme une évidence : les troubles de la fertilité auxquels sont confrontés des couples toujours plus nombreux sont de plus en plus souvent… imputables à la pollution de notre environnement ! Aujourd’hui, 15% des couples européens seraient concernés. Et selon plusieurs études ils seraient victimes notamment, d’une trop grande exposition aux pesticides. Dès 2001, dans la revue spécialisée Human Reproduction, des chercheurs français de l’INSERM, à Rennes et au Kremlin Bicêtre près de Paris, mettent le doigt sur le rôle néfaste des polluants. Collaborant avec une équipe italienne, ils avaient alors suivi une population de 225 Argentins qui souffraient d’infertilité. Tous résidaient dans une région agricole. Les travaux des équipes européennes avaient alors démontré que leur exposition aux pesticides et aux solvants, avait « sérieusement » diminué la qualité de leur sperme. Même conclusion 4 ans plus tard, pour une autre étude menée en Scandinavie. Celle-ci a concerné 149 pêcheurs suédois de 27 à 67 ans, exposés quotidiennement à des pesticides agricoles organochlorés. Les auteurs ont mis en évidence des altérations chromosomiques des spermatozoïdes, et une augmentation de la fréquence des malformations. Il est également apparu que les pêcheurs les plus exposés présentaient 60% d’anomalies chromosomiques en plus que leurs collègues moins exposés…

Alimentation, rythmes de vie, et même tabagisme !

Savez-vous que selon une étude américaine, il existerait une relation directe de cause à effet entre la consommation importante de soja par l’homme… et la diminution « significative » de la concentration de son sperme en spermatozoïdes? Parce que le soja regorge de flavonoïdes appelés isoflavones. Lesquels ne sont rien d’autre que des phytoestrogènes, autrement dit des hormones féminines naturelles, d’origine végétale… Résultat « en augmentant l’activité oestrogénique dans l’organisme, ces derniers diminueraient la concentration du sperme en spermatozoïdes » conclut l’auteur dans la revue Human Reproduction du 24 juillet dernier. Et parmi les causes d’infertilité auxquelles nous pouvons remédier, signalons aussi… le dérèglement de nos rythmes biologiques. Le travail posté, les gardes de nuit qui se succèdent, les voyages au long cours avec des décalages horaires « en cascade »… Tout cela perturbe – souvent sévèrement – l’horloge biologique. Les cycles de production hormonale peuvent s’en trouver affectés. En résultent des troubles du cycle menstruel… et naturellement, des difficultés à favoriser une grossesse. Vous travaillez souvent de nuit ? Vous voyagez beaucoup ? Essayez de « calmer le jeu » pendant 3 ou 4 mois. Dans bien des cas cela suffit pour que tout rentre dans l’ordre. Bien entendu, la mesure n’y serait pas si nous ne vous parlions aussi, des retentissements… du tabac sur la fonction reproductive. Eh oui, toujours lui ! Actif ou passif, le tabagisme représente bel et bien un obstacle sur la voie d’une grossesse. La littérature scientifique abonde d’exemples dans ce sens. Il est ainsi prouvé que le tabac multiplie par 3 le risque d’avortement, et par 2 celui d’une grossesse extra-utérine. Le Collège des gynécologues et obstétriciens français est d’ailleurs catégorique sur ce point : retards de conception, altération des spermatozoïdes, dommages au stock génétique occasionnés par le stress oxydatif dû au tabac... que vous soyez une femme ou un homme, fuyez-le ! Après la naissance d’ailleurs, ce n’est guère mieux. Les morts subites sont 4 fois plus fréquentes chez les nourrissons nés de mères fumeuses, et leurs enfants souffrent aussi plus fréquemment que les autres, de troubles du comportement

Oubliez l’alcool, et soignez vos cellules

Mais n’oubliez pas aussi de lever le pied sur l’alcool… Surtout vous, Mesdames ! L’alcool accroît en effet le risque de fausse couche, parfois très précoce. Et même si la grossesse parvient à son terme, c’est avec un risque accru de malformations du visage, osseuses ou cardiaques ! L’enfant peut même souffrir d’un syndrome d’alcoolisation fœtale. Une rareté ? Pas du tout. En France ce dernier concerne 7 enfants pour 2 000 naissances. En un mot : tabac et alcool sont catastrophiques pour la reproduction. Que faire donc, face à tous ces risques qui représentent autant d’obstacles au désir d’enfant ? La première règle, c’est évidemment de travailler son hygiène de vie. Dans toute la mesure du possible, adoptez un rythme conforme à votre biologie – travail à heures fixes, pas de sorties très tardives ; pratiquez une activité physique régulière, elle contribuera à équilibrer et régulariser les flux hormonaux ; abandonnez tabac et alcool bien sûr, et veillez à l’équilibre de vos apports alimentaires. Mais parfois, une vie et une assiette équilibrées ne suffisent pas à assurer un niveau de fertilité satisfaisant. Surtout pour les messieurs ! Les compléments alimentaires peuvent alors être un recours… inattendu. Une étude italienne publiée dans la revue spécialisée Fertility and Sterility, suggère ainsi que l’infertilité masculine pourrait être liée à une paresse des spermatozoïdes. Rappelons-nous qu’une fois déposés dans le vagin, ces derniers doivent en effet parcourir un long trajet pour être en mesure de féconder une ovule : entre 20 et 25 cm exactement, soit l’équivalent de 4 000 à 5 000 fois leur longueur ! Dans l’affaire certains se trompent de chemin, d’autres restent bloqués au niveau de la paroi utérine… bref les embûches ne manquent pas ! Pour réussir à les surmonter, les spermatozoïdes ont donc besoin d’une quantité d’énergie impressionnante ! Celle-ci malheureusement, fait souvent défaut. Les Italiens suggèrent que ce manque d’énergie pourrait être comblé par une supplémentation quotidienne en Coenzyme Q10 (CoQ10), un nutriment naturel similaire à une vitamine. Ce n’est pas si suprenant. Le rôle de la CoQ10 comme catalyseur dans la production énergétique des cellules est en effet bien établi. Pour comprendre son importance dans le soutien au déplacement des spermatozoïdes, gardons à l’esprit que ces derniers se composent de deux parties : la tête qui contient le noyau et le patrimoine génétique du père, et la queue - très longue – que l’on appelle un flagelle, et qui leur permet de se propulser. Pour assurer sa fonction, le flagelle est « gainé » à sa base, de mitochondries. Ce sont de véritables centrales énergétiques, en forme de haricots microscopiques, et elles sont essentielles à tous les processus énergétiques cellulaires. C’est dans les mitochondries en effet, que les nutriments fournis par l’alimentation sont transformés en énergie utilisable par l’organisme. Comment ? Précisément… à l’aide de la Coenzyme Q10, un puissant anti-oxydant. L’équipe du Dr Giancarlo Balercia, de l’Institut d’Endocrinologie d’Ancône (au sud de Bologne sur la côte Adriatique), l’a administrée sous forme de gélules à des hommes de 25 à 39 ans. La dose choisie a été de 200mg, deux fois par jour et pendant 6 mois. Alors que chez tous ces patients, les médecins avaient diagnostiqué une mobilité insuffisante des spermatozoïdes à leur inclusion dans l’étude, celle-ci s’est trouvée augmenter de 9% à 16%. Mieux, 3 des participants sont même parvenus dans les trois premiers mois de l’étude, au statut tant désiré de futur papa ! Attention, toutefois, la forme pharmaceutique de la Co Q10 utilisée a son importance : il est indispensable d’avoir recours à de la coenzyme Q10 sous une forme la liant à de l’huile, puisqu’il s’agit d’une substance liposoluble. Un dernier point si vous le voulez bien. Veillez à une hygiène génitale impeccable. Il ne sert à rien de s’imposer une hygiène de vie « exemplaire », si vous ne veillez pas à ce que tout soit dans l’ordre aussi dans les petits recoins ! Les infections sexuellement transmissibles (IST) peuvent être causes de stérilités définitives. Elles sont aussi, redoutables chez la femme enceinte. Elles sont dues à des parasites comme le trichomonas, des bactéries -chlamydiae, tréponème ou gonocoques– des champignons pour les mycoses, ou des virus : le VHS responsable de l'herpès, les papillomavirus qui provoquent le cancer du col de l’utérus et naturellement, le VIH. Mais là, le problème ne se pose plus seulement en termes de fertilité. Contractées avant ou pendant la grossesse, et surtout mal ou non traitées, les IST risquent de compromettre le bon déroulement de votre grossesse. Et aussi, de contaminer le nouveau-né. Soyez donc vigilants. Au moindre doute, n’hésitez pas à vous faire diagnostiquer précocement et à suivre un traitement adapté. Un traitement de couple, le plus souvent.
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