Ados et jeux vidéo : pourquoi tant de violence ?

20 décembre 2013

Call of duty, Assassin’s creed, GTA VVous connaissez ces jeux vidéo, au moins de nom ? Certainement avez-vous un ado à la maison. Et comme beaucoup de parents, vous n’appréciez guère leur contenu particulièrement violent. Pourquoi votre enfant prend-il autant de plaisir à y jouer ? Faut-il vraiment vous en inquiéter ?

Difficile d’imaginer votre collégien en chauffard ou en snipper. Pourtant, quand il se retrouve devant sa console, il se transforme en tueur méticuleux capable d’éliminer un nombre impressionnant de cibles en lançant des cris de victoire rageurs. Et il pourrait y passer des heures. Comment l’expliquer ? « Les ados prennent plaisir à être les acteurs virtuels de cette violence car elle leur permet de se défouler et d’évacuer leurs tensions », rappelle le Dr Abdou Belkacem, psychiatre addictologue. « L’adolescence est une période pleine de bouleversements, d’empêchements. Et les jeunes peuvent ressentir des pulsions tout à fait normales qu’il leur faut canaliser et extérioriser sans transgresser les interdits. »

Rassurez-vous, même si le débat est relancé après chaque nouveau fait divers tragique, aucune étude n’a jamais établi de lien de cause à effet entre la violence virtuelle et le passage à l’acte. « La majorité des adolescents savent très bien faire la distinction entre le réel et l’imaginaire », insiste le Dr Belkacem. Des risques d’agressivité ou de dépendance existent bel et bien, mais pour les personnalités fragiles. » Les jeux vidéo ne font alors que révéler des problèmes psychologiques déjà existants. Votre enfant passe beaucoup de temps devant sa console mais ça ne l’empêche pas de voir ses copains ou de partager les repas en famille ? Pas d’inquiétude. Dans le cas contraire, cherchez à savoir pourquoi il éprouve ce besoin d’isolement.

Ce que vous pouvez faire

Quoiqu’il en soit, même s’il passe un temps raisonnable sur sa console, intéressez-vous au contenu de ses jeux. Parlez-en avec lui sans porter de jugement. L’essentiel est de ne pas rompre le dialogue. Il doit se sentir libre de vous dire quand il a peur ou quand il est choqué. Même à 12-13 ans, ça peut arriver. Regardez aussi sur le boîtier la tranche d’âge à laquelle est destiné le jeu, les pictogrammes précisant si l’on y retrouve du langage grossier, des allusions au sexe… Ces informations relevant de la classification PEGI sont très utiles.

Un dernier conseil pour éviter les disputes inutiles : prévenez-le en amont de la durée de jeu qui lui est dévolue. S’il démarre une partie à 14h, dites-lui « à 16h je t’attends pour sortir en ville. » A lui ensuite d’organiser son temps en fonction. Il ne pourra plus vous reprocher de l’interrompre à quelques minutes de la fin d’un parcours.

Ecrit par : Aurélia Dubuc – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : Interview du docteur Abdou Belkacem, psychiatre addictologue au Centre Hospitalier des Quatre Villes (Sèvres) le 20 décembre 2013.

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