A/H10N8 : un nouveau virus aviaire tue en Chine

18 décembre 2013

Un scientifique des CDC d’Atlanta travaillant sur le virus A/H7N9. ©CDC

Le ministère de la Santé d’Hong Kong annonce la mort d’une Chinoise de 73 ans victime d’un nouveau virus aviaire (A/H10N8). « Il est présent depuis au moins deux ans parmi des volailles d’élevage dans le sud de la Chine », nous précise le Pr Bruno Lina, Directeur du Centre national de référence de la Grippe à Lyon. Avant de temporiser : « il n’y a pas lieu de s’alarmer, dans un contexte où la surveillance des virus aviaire s’est fortement accrue en Chine ces derniers temps ».  Autrement dit, plus les scientifiques en chercheraient, plus ils en trouveraient…

D’après les autorités de Hong Kong, la victime est décédée le 6 décembre dernier, des suites d’une pneumonie. Il semble qu’elle souffrait d’une affection chronique. Elle s’était par ailleurs rendue les jours précédents, dans un marché aux volailles. Placés sous surveillance, « ses proches ne présentent pour l’heure aucun symptôme ».

Cette souche H10N8 a fait l’objet d’une publication en 2011dans la revue scientifique Virology. Les auteurs (de la Chinese Academy of Sciences) expliquaient que ce virus a été isolé pour la première fois en 2007 sur des oiseaux sauvages, dans les zones humides du Lac Dongting (Province de l’Hunan). « Il a aussi été détecté en janvier 2012 dans des élevages de canard », glisse Bruno Lina.

Une menace sérieuse ?

D’après leurs constatations, ce virus serait peu pathogène pour le poulet. En revanche, « il se réplique très facilement chez la souris, notamment dans les tissus pulmonaires ». Dans leurs conclusions, les chercheurs précisaient qu’il était « susceptible de constituer une sérieuse menace pour les mammifères et particulièrement les hommes ».

Dans pareille situation, les scientifiques redoutent les mutations que peuvent subir les virus aviaires. Les souches évoluent en effet sans cesse. Et dans l’absolu, plus elles sont nombreuses à circuler, plus les risques d’infections humaines augmentent.

Davantage de surveillance

« Ce virus est à surveiller bien sûr mais il ne présente pas de critères particulier de pathogénicité », relativise le Pr Lina. Il ajoute également qu’avec « l’émergence du virus A/H7N9, les mesures de surveillance sanitaire ont été très renforcées en Chine, notamment autour des marchés aux volailles. C’est pourquoi, pour H10N8, il est sans doute préférable de parler du premier cas humain identifié ».

A noter qu’un communiqué de presse de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est prévu sur ce sujet. En attendant, celle-ci vient de rapporter deux nouveaux cas d’infections par le virus A/H7N9 en Chine, dans la province de Guangdong. Par ailleurs, 6 cas humains d’infection par le virus pathogène A/H5N1 ont également été identifiés au Cambodge et un en Indonésie.

Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet 

  • Source : The Centre for Health Protection (CHP) Hong Kong, 17 décembre 2013- Virology Journal 2011, 8:42 - OMS, 18 décembre 2013 – Interview du Pr Bruno Lina, 18 décembre 2013

Aller à la barre d’outils