Benzodiazépines et démence : le lien qui fait peur

28 septembre 2012

D’après une étude de l’INSERM, les plus de 65 ans qui prennent des benzodiazépines pour leurs propriétés hypnotiques –comme somnifères, donc – ou anxiolytiques augmenteraient de 50% leur risque de développer une démence ! Après l’Académie de médecine en juin dernier puis la Haute Autorité de la Santé il y a quelques jours, l’INSERM émet donc une alarme supplémentaire et très documentée- sur les risques associés à ces molécules. Surtout lorsqu’elles ne sont pas utilisées à bon escient.

En France, une personne sur trois passé 65 ans, consomme des benzodiazépines pour traiter des symptômes anxieux et/ou des troubles du sommeil. Plus de 3 millions de Français consomment quotidiennement des benzodiazépines, ce qui est 5 à 10 fois plus que nos voisins européens. Dans la moitié des cas soulignait récemment la HAS, ces traitements ne seraient pas médicalement justifiés,.

Les chercheurs de l’INSERM (Unités 657 et 708 à Bordeaux) se sont penchés sur l’association entre la consommation de benzodiazépines et la survenue de démence chez les plus de 65 ans. Ils ont pour cela, analysé un échantillon de la cohorte PAQUID (Personnes Agées QUID), regroupant 1 063 participants âgés en moyenne de 78 ans. Suivis pendant 15 ans, « aucun d’entre eux ne présentait de symptômes de démence au début de l’étude », expliquent les auteurs.

Pas de risque lorsque les prescriptions sont respectées

Publiés dans le British Medical Journal, leurs résultats paraissent inquiétants. « D’après nos analyses, l’exposition des plus de 65 ans aux benzodiazépines est associée à un risque accru de démence », explique Bernard Bégaud, l’un des auteurs. « Même si nous ne pouvons prouver qu’il existe un lien de cause à effet, nous constatons que les individus consommant des benzodiazépines présentent environ 50% plus de risque de développer une démence, comparés à ceux qui n’en ont jamais consommé ».

Comme l’ajoute Bernard Bégaud, « ces nouvelles données confortent celles de 4 études antérieures ». Il recommande ainsi de « limiter les prescriptions à quelques semaines et de contrôler la bonne utilisation de ces molécules. Nous doutons qu’une durée d’utilisation de l’ordre de quelques semaines puisse avoir un effet délétère sur le risque de démence ». Reste toutefois, à déterminer si une telle association est retrouvée chez les moins de 65 ans… Voilà qui devrait faire l’objet de nouveaux travaux, au cours des mois ou des années à venir.

  • Source : INSERM, 27 septembre 2012 - BMJ, 28 septembre 2012, doi: 10.1136/bmj.e6231

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