Boissons énergisantes : nouvelles mises en garde de l’ANSES

01 octobre 2013

Ne mélangez pas boissons énergisantes et alcool! ©Phovoir

De plus en plus consommées en France, les boissons énergisantes inquiètent les autorités sanitaires. Dans un avis rendu public ce mardi, l’ANSES demande la mise en place de politiques publiques visant à encadrer le marché – publicitaire notamment – de ces produits. Elle s’appuie sur des données épidémiologiques faisant ressortir des cas d’arrêts cardiaques. Ils sont d’autant plus élevés lorsque ces boissons sont associées à une activité physique (sport, danse…) ou mélangées avec de l’alcool.

De quoi s’agit-il ? L’expression « boissons énergisantes » regroupe des boissons censées « mobiliser l’énergie » en stimulant le système nerveux. Elles contiennent généralement des ingrédients supposés « stimulants » tels que taurine, caféine, guarana, ginseng, vitamines…  Elles ne doivent pas être confondues avec les boissons dites énergétiques, « spécifiquement formulées pour fournir de l’énergie dans le cadre d’une dépense musculaire intense ». Et donc pour compenser les pertes (eau, minéraux etc,) occasionnées au cours d’un effort.

Des ventes en hausse. Entre 2009 et 2011, les ventes de boissons énergisantes ont bondi de 30% en France. En 2011, un total de 17% des Français de plus 14 ans en consommaient. Soit 8,9 millions de personnes. Parmi ces dernières, un tiers déclarait en boire au moins une fois par semaine. Et pour 2% à 3% des amateurs, la consommation était même quotidienne.

212 remontées depuis 2011. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a été saisie dès 2001 pour évaluer l’innocuité et l’intérêt nutritionnel de ces boissons énergisantes. Depuis 2011, elle suit également les effets indésirables suspectés d’être liés à la consommation de ces produits. Au total, 257 cas lui ont été rapportés par les professionnels de santé. Dont 212 suffisamment renseignés pour être analysés et déterminer l’impact éventuel de ces boissons sur la santé.

Il en ressort que l’imputabilité de ces breuvages est jugée « très vraisemblable » ou « vraisemblable » dans 12% des cas. Les symptômes décrits étant surtout de type cardiovasculaire : « sensations d’oppression ou de douleurs thoraciques, tachycardie, hypertension, troubles du rythme allant jusqu’à l’arrêt cardiaque ». Elle fait aussi état de “troubles psycho-comportementaux ou neurologiques”.

Des décès suspects. Huit cas d’arrêt cardiaque ont été portés à la connaissance de l’ANSES en lien avec la consommation de boissons énergisantes. Six inquiètent particulièrement les autorités qui mentionnent notamment le décès d’une jeune fille de 16 ans, « survenu juste après s’être arrêtée de danser, en discothèque. L’entourage a signalé une consommation de boissons énergisantes en mélange avec de l’alcool sans pouvoir préciser les quantités, mais aucune prise d’autres substances. L’analyse toxicologique a retrouvé de la caféine (2,4 mg/l) et de l’alcool (0,86 g/l) dans le sang. Le rapport d’autopsie évoque une dysfonction du rythme cardiaque ».

L’ANSES précise également que ces arrêts cardiaques « surviennent très vraisemblablement chez des sujets génétiquement prédisposés ». Les risques d’accidents seraient d’autant plus importants lorsque la consommation de boissons énergisantes est associée à « certains facteurs de risque supplémentaires comme l’exercice physique (sport, danse,…), une forte consommation d’alcool, l’hypokaliémie, certains médicaments ou une sensibilité individuelle à la caféine ».

Trop de caféine y compris chez les enfants ! L’ANSES insiste en effet sur l’importance de cette molécule, connue de longue date bien sûr mais dont sa (forte) présence dans les boissons énergisantes a fait  évoluer les modalités de consommation. Y compris auprès des enfants ! L’association Consommation Logement Cadre de vie (CLCV) révélait ce lundi que 18% des petits Européens de 3 à 10 ans avaient déjà consommé ces boissons ! L’ANSES précise aujourd’hui que 11% des 3-10 ans et 7% des 11%14 ans  « dépassent le seuil d’une tolérance à la caféine » !

De même façon, aujourd’hui en France :

  • – près d’un adulte sur trois dépasse régulièrement « le seuil retenu comme générateur d’anxiété ». Lequel, correspond tout de même à un apport en caféine d’environ 6 expressos ;
  • « 7% de la population adulte excède le seuil au-delà duquel une toxicité chronique plus générale est suspectée (santé osseuse et cardiovasculaire, cancer, fertilité masculine,…) » ;

Pas pour le sport ni avec de l’alcool ! En conclusion, l’ANSES recommande  au grand public de « modérer la consommation de boissons caféinées . Et plus particulièrement :

  • D’éviter la consommation des boissons énergisantes en association avec l’alcool ou lors d’un exercice physique;
  • d’être particulièrement vigilant vis-à-vis des apports en caféine. Notamment chez les « femmes enceintes et allaitantes, les enfants et adolescents, les personnes sensibles aux effets de la caféine ou présentant certaines pathologies notamment certains troubles cardio-vasculaires, psychiatriques et neurologiques, insuffisance rénale, maladies hépatiques sévères »

Pour vous aider à vous y retrouver parmi les acteurs du marché des boissons énergisantes, citons les marques :

  • Burn®
  • Dark Dog®
  • Monster ®
  • Pure rush ®
  • RedBull ®
  • Shark®
  • …/…

Et pour les boissons énergétiques (celles qui seront utiles à la pratique sportive), citons :

  • Ergysport®
  • Extran ®
  • Gatorade®
  • Isostar ®
  • Isoxan ®
  • Overstim’s®
  • Powerade®
  • …/…

Ecrit par : David Picot

  • Source : ANSES, 1er octobre 21013 – CLCV, 30 septembre 2013

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