Des médicaments dans les supermarchés? L’Autorité de la concurrence vote «pour»

11 juillet 2013

Les médicaments sans ordonnance vendus aujourd’hui en pharmacie bientôt dans les rayons des supermarchés ? ©Phovoir

Selon une enquête menée par l’Autorité de la Concurrence, les prix des médicaments restent trop élevés en France. Notamment ceux des génériques et des produits non remboursables. La solution recommandée par cet organisme administratif indépendant est radicale : autoriser la vente des médicaments sans ordonnance dans les grandes surfaces.

En France, le médicament constitue le deuxième poste des dépenses de santé, soit 35 milliards d’euros, en 2011. Dans son enquête sur la « distribution du médicament », l’Autorité de la Concurrence a identifié plusieurs freins à la baisse des prix. Elle a notamment constaté des entraves au développement du médicament générique.  En juin dernier d’ailleurs, elle avait sanctionné le laboratoire Sanofi à hauteur de 40,6 millions d’euros pour avoir dénigré les génériques du Plavix®. Il y a quelques jours, 5 laboratoires ont également été condamnés par la Commission européenne, après s’être entendus pour retarder l’arrivée de leurs génériques « contre rémunération du laboratoire princeps ».

Concernant les médicaments non remboursables, les services de l’autorité ont constaté que « les prix sont extrêmement disparates et peuvent varier de 1 à 4 d’une officine à l’autre ». Et ceci sans que le consommateur en soit véritablement informé puisque la publicité sur les prix de ces produits est très limitée, « notamment à causes des règles de déontologie ».

Internet, supermarchés, vecteurs de baisse de prix

L’Autorité de la concurrence n’hésite pas à jeter un pavé dans la marre. « Il y a tout lieu de considérer l’opportunité d’ouvrir en partie le monopole officinal, sans remettre en cause le monopole pharmaceutique, afin de permettre à d’autres réseaux de distribution de commercialiser les médicaments soumis à prescription facultative dits d’automédication. »

Selon une enquête publiée en mars 2013, par UFC Que Choisir, la libéralisation de la distribution de ce type de produits a été efficace en Italie pour faire baisser les prix. « Globalement la diminution moyenne des prix observée dans les supermarchés italiens était de 25% », indique l’Autorité.

Enfin rappelons que tout récemment, le commerce en ligne des médicaments soumis à prescription facultative a été autorisé en France. « Cette nouvelle forme de vente devrait donner de nouvelles opportunités en termes de baisse des prix de vente au détail et d’information du consommateur. »

Avant d’adopter ses conclusions définitives à la fin de cette année, l’Autorité soumet cette enquête à la consultation publique. « Les différents acteurs intéressés auront ainsi l’opportunité de faire valoir des observations et de proposer de nouveaux éléments ». D’ici là effectivement, les débats risquent d’être houleux.

Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot

  • Source : Autorité de la Concurrence, 10 juillet 2013

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