Doit-on pouvoir choisir sa maternité ?

11 février 2013

Les femmes enceintes peuvent choisir la maternité où elles accoucheront. ©Phovoir

Les premiers éléments de l’enquête menée par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (HP-HP) à la maternité Port Royal de Paris, concluent qu’il ne manquait ni de personnel ni de lits le vendredi 31 janvier. Comment se peut-il alors, qu’une jeune femme ait perdu son enfant in utero, après en avoir été renvoyée ce jour-là à la suite d’un examen médical. La mère et son compagnon ont porté plainte contre l’établissement. Tandis qu’une enquête exceptionnelle à la fois administrative, médicale et pénale se poursuit, ce drame provoque une mise en cause de l’organisation des maternités en France. Présentation d’un système à plusieurs étages…

Depuis 1998, les maternités françaises sont réparties en trois catégories. La première regroupe les établissements adaptés à l’accueil des femmes ne présentant aucun risque particulier. La présence d’un pédiatre permet néanmoins l’examen du nouveau-né, et la prise en charge d’un certain nombre de situations sans gravité. Les maternités de la seconde catégorie disposent d’une unité d’obstétrique et d’une unité de néonatologie. La prise en charge des grossesses à risque modéré et des nouveau-nés nécessitant une surveillance particulière y est donc parfaitement possible. Ces établissements ne possèdent pas d’unités de réanimation néonatale.

Enfin les maternités de catégorie III – dont la maternité Port-Royal fait partie – disposent d’unités d’obstétrique, de néonatologie et de réanimation néonatale. Les professionnels de santé dirigent vers ces établissements les femmes dont la grossesse est considérée à haut risque, et les nouveau-nés présentant des détresses graves.

Des maternités à 3 vitesses

Aujourd’hui, il n’existe aucune régulation dans l’accès à ces maternités. Chaque femme peut accoucher dans celle de son choix. Résultat : les établissements de type III sont confrontés à une véritable saturation. « Les gens ont pensé qu’ils seraient plus en sécurité dans ces maternités et donc, on a eu un engorgement de celles-ci », explique le Dr Jean Marty, président du Syndicat nationale des gynécologues et obstétriciens français (Syngof). « Le plan périnatalité et la classification des maternités en trois types a en réalité, abouti au discrédit des maternités qui n’étaient pas de niveau élevé ».

Faut-il pour autant réserver les maternités de type III aux seules femmes à très haut risque ? « Dans ce cas, il faudrait s’assurer que les autres parturientes auront bien une place dans un autre établissement médical », estime le Dr Pascale Le Pors, gynécologue obstétricienne exerçant au Centre hospitalier de St Malo (Ille-et-Vilaine)  et vice-présidente du Syngof. Pour autant, « l’organisation générale des maternités en 3 catégories n’est pas contestée », assure-t-elle. « Il est essentiel qu’une femme présentant de forts risques de donner naissance à un grand prématuré accouche dans un établissement lui offrant les meilleures chances. » Selon l’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) « l’enjeu est désormais de s’interroger […] sur les moyens à employer pour améliorer cette organisation pyramidale ».

Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet et Marc Gombeaud

  • Source : interview du Dr Pascale Le Pors, gynécologue obstétricienne exerçant au Centre hospitalier de St Malo, vice-présidente du Syngof, 4 février 2013

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