En France, un quart des femmes enceintes consomme de l’alcool

31 janvier 2013

La consommation d’alcool pendant la grossesse provoque des retards de développement chez l’enfant. ©Phovoir

Un verre de vin, une bière ou un rhum lorsque l’on est enceinte, c’est fortement déconseillé. L’alcool passe du sang maternel vers le sang du fœtus, au travers du placenta. De graves atteintes notamment cérébrales peuvent en résulter chez l’enfant à naître. Pourtant, les Françaises ne semblent pas toutes conscientes du risque de syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF).

« Les résultats de l’enquête nationale périnatale menée par l’INSERM en 2010 ont révélé que 77,2% des femmes affirment ne jamais consommer d’alcool pendant leur grossesse. Ce qui signifie donc qu’elles sont 22,8% à déclarer avoir bu au moins une fois alors qu’elles étaient enceintes », indique Stéphanie Toutain du Centre de recherche médecin, sciences, santé, santé mentale, société (CERMES3 – Université Cité Sorbonne – CNRS – INSERM) et vice-présidente de l’Association SAF France.

« De plus, l’enquête a montré qu’elles seraient 17,2% à consommer de l’alcool au moins une fois par mois. Enfin, 3,2% affirment avoir bu avant de savoir qu’elles étaient enceintes. » Si un seul verre peut suffire pour affecter le développement futur de l’enfant, le phénomène de binge drinking inquiète encore davantage les spécialistes. Correspondant à une consommation de plus de 4 verres en une même occasion, « ce phénomène concerne davantage les jeunes femmes, souvent étudiantes, qui consomment de l’alcool pendant les soirées, sans savoir qu’elles sont enceintes. »

Mieux informer mères et grand-mères

Après les campagnes de prévention menées par l’INPES en 2006 et 2007, « la problématique alcool et grossesse a un peu été délaissé », souligne Stéphanie Toutain. « Il faudrait pourtant renouveler ces actions pour informer le grand public. D’autant que le pictogramme, apposé depuis 2007 sur toutes les bouteilles d’alcool, est trop petit. » En ombre chinoise, il montre une femme enceinte buvant un verre de vin, barrée d’un signe d’interdiction. Le message est clair : Pas d’alcool pendant la grossesse. Encore faut-il donc le voir. « Il est facilement confondu avec les logos de recyclage », ajoute-t-elle.

Résultat : les femmes ne sont pas toujours conscientes du risque auquel elles exposent leur futur enfant. « Nombreuses sont celles qui écoutent les recommandations de leur mère ou de leur grand-mère qui leur assure : ‘un verre ne peut pas faire de mal. Enceinte de toi il m’est arrivé de boire et tu te portes bien’ », explique Stéphanie Toutain. Alors « le message de prévention doit être intergénérationnel et cibler à la fois les futures mères, dès le collège, mais aussi leurs mères et leurs grand-mères. »

Vers un message cohérent de la part des médecins

Les mères et grand-mères des femmes enceintes ne sont pas les seules à sous-estimer le risque. « De trop nombreux médecins généralistes, sages-femmes et même gynécologues ne dispensent pas le bon message », se désole Stéphanie Toutain. « Une formation aux risques de l’alcool pendant la grossesse devrait être dispensée de façon systématique pour tous ces professionnels de santé. »

Depuis 1999, pour sensibiliser professionnels et patientes, une journée mondiale est consacrée tous les 9 septembre à la sensibilisation au syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF). Et pour la première fois en 2013, l’INPES organise un atelier à ce sujet dans le cadre des Journées de la prévention, du 5 au 7 juin prochains. Ces journées succèderont à un colloque organisé par l’association SAF France sur « les troubles causés par l’alcoolisation fœtale » à Paris les 30 et 31 Mai 2013.

Ecrit par : Dominique Salomon -Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : interview de Stéphanie Toutain du Centre de recherche médecin, sciences, santé, santé mentale, société (CERMES3 – Université Cité Sorbonne – CNRS – INSERM) et vice-présidente de l’Association SAF France, 25 janvier 2013 – Site alcoolinfoservice.com, de l’INPES, consulté le 25 janvier 2013

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