Hypertension : traquer le risque résiduel

27 mai 2013

La tension artérielle normale d’un adulte est établie à 120 mmHg quand le cœur se contracte (pression systolique) et à 80 mmHg quand il se relâche (pression diastolique). ©Phovoir

Les statines dans le domaine cardiovasculaire, les biothérapies en rhumatologie ou en cancérologie… Au cours des 30 dernières années, des classes thérapeutiques nouvelles ont révolutionné la pratique de la médecine. Dans bien des cas cependant, les médicaments ne font pas tout. En cardiologie par exemple, il subsiste chez certains patients un risque non négligeable d’accident (infarctus, AVC…), même après traitement. Les spécialistes parlent alors de risque résiduel. De quoi s’agit-il ? Comment le maîtriser ?

Le concept de risque résiduel en cardiologie, est relativement nouveau. Dans le cadre d’un symposium de micronutrition organisé le 23 mars dernier à Paris, le Pr Jacques Blacher, cardiologue au Centre de diagnostic et de thérapeutique de l’Hôtel-Dieu (Paris) en a proposé une définition simple, en apparence : « Il s’agit du risque d’événement secondaire qui demeure  alors qu’on a tout fait pour l’éliminer », sous-entendu, grâce à la prise en charge thérapeutique la plus complète.

Le Pr Blacher a travaillé sur ce sujet, auprès d’hypertendus qui faisaient partie de la cohorte Prime, laquelle a permis le suivi de 10 000 patients. Il explique : « prenons un patient qui a une tension artérielle élevée, à 180 mmHg maximale par exemple. Nous lui prescrivons un traitement anti-hypertenseur qui s’avère bénéfique puisque sa valeur maximale descend à 140 mmHg. Nous avons observé que ce patient présente davantage de risques d’être victime d’un événement secondaire de type infarctus du myocarde, qu’un autre individu dont la tension est également à 14 mais qui n’a pas souffert d’hypertension. Il présente donc un risque résiduel cardiovasculaire, alors même que ses chiffres tensionnels sont revenus à la normale. »

L’importance de l’observance

En matière d’hypertension artérielle, l’élimination, ou à défaut la meilleure maîtrise de ce risque résiduel est un enjeu d’importance. « Auprès de certains patients à haut risque cardiovasculaire, devons-nous démarrer le traitement plus tôt et/ou d’une façon plus agressive ? Nous n’avons pas encore la réponse ». Le Pr Blacher insiste encore sur l’importance de l’observance. C’est-à-dire le respect, par le patient, de la prescription du médecin.

D’autres approches non-médicamenteuses sont également avancées pour diminuer ce risque résiduel : alimentation saine et équilibrée, exercice physique avec régularité et pas de tabac. « Ces rappels sont très importants dans la prévention vasculaire d’une manière générale », rappelle Jacques Blacher.

A l’occasion du symposium de micronutrition, l’importance des approches nutritionnelles a notamment été rappelée. Et comme l’a souligné le Dr Christian Leclerc, Président du laboratoire Pileje, « de l’immunité aux oméga 3, en passant par l’influence du microbiote intestinal sur le cholestérol ou l’inflammation métabolique, de nouvelles pistes s’ouvrent ».

 Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

 

  • Source : Symposium de micronutrition PiLeJe – Cité des Sciences et de l’Industrie -, Paris, 23 mars 2013 - Interview du Pr Jacques Blacher, 15 avril 2013 – J Hum Hypertens. 2010 Jan;24(1):19-26. doi: 10.1038/jhh.2009.34 (The Prime Study) – OMS, avril 2013

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