L’hypnose au bloc pour soulager… en douceur

22 avril 2011

Que ce soit pour l’extraction de dents de sagesse ou lors d’un accouchement, l’hypnose est de plus en plus utilisée par les équipes médicales en France. Cette méthode, qui favorise une hyper-focalisation de l’attention sur des sensations agréables, peut être utilisée avant une intervention. Elle permet alors de détendre le patient. Et bien sûr, on y recourt aussi pendant l’opération, comme un anesthésiant ou plutôt, un analgésiant… En voici deux exemples évocateurs.

Au CHU de Nantes, le Dr Véronique Bazin est anesthésiste réanimatrice. Depuis deux ans déjà, elle pratique l’hypnosédation dans le cadre de certaines interventions chirurgicales. « J’ai eu un grave accident de moto il y a 5 ans. Une amie m’a fait profiter des bienfaits de l’hypnose pour soulager mes douleurs post-opératoires. J’ai eu envie de partager cette expérience avec mes patients. Aujourd’hui, après une formation à l’institut Emergences de Rennes, je mets en pratique des techniques d’hypnose en consultation, comme au cours de certaines interventions chirurgicales ».

« J’accueille les patients en consultation, pour leur expliquer comment va se dérouler l’opération. Je les rassure : ils ne vont pas perdre le contrôle d’eux-mêmes. Et bien sûr, l’équipe médicale se tient prête, en cas de besoin, à pratiquer un anesthésie générale », raconte Véronique Bazin. « Je leur demande de me confier dans quel endroit ils aimeraient voyager pour un moment de détente. Du coup, je visite beaucoup de plages… », ajoute-t-elle dans un sourire. Lors de l’intervention, « tout le monde doit jouer le jeu. La pratique de l’hypnose nécessite du silence et du calme. Les patients sont guidés par ma voix »… Au réveil, « ils sourient bien souvent ». Ce qui est plutôt rare, après une anesthésie générale classique…

Un patient plus détendu

Deux à trois fois par semaine donc, le Dr Bazin fait entrer l’hypnose en salle d’opération. « Ces pratiques sont également utilisées au cours de certaines chirurgies plastiques et lors d’intubations difficiles.

Toutefois, il faut bien préciser qu’il ne s’agit pas de remplacer toute forme d’anesthésie uniquement par l’hypnose », insiste-t-elle. En général d’ailleurs, pour l’extraction des dents de sagesse, « nous utilisons quand même une légère anesthésie locale ». Le plus grand intérêt reste d’éviter l’anesthésie générale.

Et l’hypnose ne consiste pas uniquement en la modification de l’état de conscience pendant l’opération. De nombreuses techniques d’hypnose permettent de simplement détendre le patient avant l’intervention. « Elle consistent tout simplement à adapter notre langage pour accueillir le patient et de faire en sorte qu’il aborde une intervention plus sereinement ». Par exemple, « ’vous n’allez pas avoir mal’ est une phrase utilisant la négation, que l’inconscient ne comprend pas ». Résultat, le patient ne retient que le mot ‘mal’, qu’il associe à la douleur… et peut s’angoisser. Mieux vaut lui dire « vous allez être à l’aise ». La persuasion par l’hypnose, en somme.

L’accouchement et l’hypno-analgésie

De leur côté, Catherine Califer, Florence Girault et Hélène Le Cornu sont sages-femmes à la Maternité de l’Hôpital Robert Debré, dans le 19e arrondissement de Paris. Elles sont toutes les trois à l’origine d’un projet innovant : intégrer l’hypnose aux pratiques de la maternité. Depuis plus de dix ans déjà, l’unité d’évaluation et de traitement de la douleur de cet établissement utilise ces méthodes douces. « Alors, ‘pourquoi pas nous ?’ » se sont dit nos trois sages-femmes.

Formées à l’Institut français de l’Hypnose, en partie grâce au soutien et au financement de la Fondation Apicil contre la douleur, elles peuvent aujourd’hui pratiquer l’hypnose auprès des parturientes pour soulager les douleurs et les angoisses liées à l’accouchement.

« L’hypnose est en plein essor en France depuis 4 ou 5 ans. Nous recevons de nombreuses demandes de financement de formations pour divers services », explique Nathalie Aulnette, présidente de www.fondation-apicil.org/. Nous accompagnons ainsi de nombreuses équipes médicales. Des services de cancérologie, de pédiatrie, de soins dentaires ». S’il ne s’agit jamais tout à fait d’un substitut aux autres méthodes d’analgésie et d’anesthésie, l’hypnose permet, sans risque, de compléter et de détendre le patient. « La péridurale peut par exemple être administrée après ou en parallèle d’une hypnose », précise Nathalie Aulnette. Et pour les femmes qui ne supportent pas la péridurale… c’est un merveilleux soulagement.

  • Source : Maternité de l’Hôpital Universitaire Robert Debré, 13 avril 2011 ; Interview du Dr Véronique Bazin, anesthésiste au CHU de Nantes, 15 avril 2011 ; Interview de Nathalie Aulnette, présidente de la Fondation Apicil contre la douleur, 18 avril 2011

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