La douleur en mal de soins

02 décembre 2010

Avoir mal en permanence, sans répit… Mal au dos, à la tête ou encore dans les articulations. C’est le quotidien de nombreux patients. Or malgré différents « Plans douleurs » apparus dans notre pays depuis une douzaine d’années, deux enquêtes dressent un état des lieux pour le moins inquiétant de la prise en charge de la douleur. En France, mais aussi en Europe. Sans oublier que les résultats du <a href="https://destinationsante.com/IMG/pdf/plan_douleur06_2010(1).pdf” target=”_blank”>3e plan national contre la Douleur, actuellement en cours d’évaluation, s’annoncent également insatisfaisants. Voilà qui justifie la demande ce matin à Paris, de voir lancer un 4e plan douleur.

« Je n’arrive plus à marcher. Je ne peux plus rendre visite à mes amis ni les inviter à la maison. La douleur a détruit les trois quarts de ma vie sociale ». Ce témoignage est un exemple parmi bien d’autres. C’est celui d’un Français qui a participé à l’enquête PainSTORY (histoire de douleur n.d.t.) – pour Pain Study Tracking Ongoing Responses for a Year -. Menée dans 13 pays européens par l’Institut Ipsos MORI, cette enquête a porté sur 294 patients, dont 26 Français. Tous ont accepté d’être suivis pendant une année afin d’évaluer leur douleur, son impact sur leur qualité de vie, et sa prise en charge.

Un sérieux problème de santé publique

Fatigue, solitude et retrait social, interférences parfois lourdes avec la vie professionnelle… Insuffisamment ou mal prise en charge, la douleur retentit gravement sur la qualité de vie. Ses victimes souffrent à la fois physiquement et psychologiquement. Elles se trouvent dans l’incapacité de travailler, de sortir, de s’amuser… bref, de mener leur vie normalement. Bien des patients traversent des phases de dépression, et 19% d’entre eux reconnaissent qu’il leur arrive de penser à mourir …

Même après un an de traitement antalgique, 95% des personnes interrogées souffrent encore de douleurs modérées à sévères. Pourtant, 64% d’entre elles sont convaincues de prendre « le traitement le plus approprié ».

Non seulement ces malades ne sont pas toujours soulagés, mais près de la moitié d’entre eux est victime d’effets indésirables – constipation, somnolence, nausées… – parfois lourds. Ainsi la constipation concerne-t-elle 49% des malades sous opioïdes. Pour les auteurs, il est urgent de s’attaquer à « ce sérieux problème de santé publique ». D’autant qu’une prise en charge adaptée réduirait les douleurs et les effets secondaires des traitements. La SFEDT parle même d’ « un problème de société ».

La douleur doit être une urgence

Une autre enquête – l’enquête Paliers – révèle la défaillance de notre système de soins en matière de prise en charge de la douleur. En 2010, ses auteurs ont interrogé 1 300 patients de 11 services d’urgences. Il en est ressorti que seul un tiers des malades ‘douloureux’ recevait un traitement antalgique dès leur admission. Pire, la moitié quittait les urgences avec une douleur modérée à sévère non prise en charge. Pour le Dr Agnès Ricard-Hibon, médecin au SMUR Clichy de l’Hôpital Beaujon (Hauts de Seine) la qualité de cette prise en urgences « serait renforcée si davantage de personnel était dédié à l’auto-évaluation de l’intensité douloureuse ».

Les membres de la Société française d’Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD), réunis ce matin à Paris, ont évoqué l’état de cette prise en charge. « Alors que la prévalence de patients douloureux chroniques est de 31,5%, seulement 245 structures de prise en charge de la douleur ont été mises en place par le 3e plan. Un chiffre encore très insuffisant », estime le Pr Alain Serrie (Hôpital Lariboisière de Paris), Président fondateur de Douleurs sans Frontières. Les enfants, eux, sont les grands oubliés de la lutte contre la douleur. Seules 14 consultations pédiatriques anti-douleur ont été mises en place, alors que le plan en promettait une par département ! La SFETD s’est montrée déterminée à soutenir la recherche, la formation des médecins spécialistes et une prise en charge plus systématique de toutes les douleurs.

  • Source : Etude Painstory, menée par l’Institut Ipsos MORI pour le compte de la Fédération européenne des Associations pour l’Etude de la Douleur (IASP Chapters), l’Institut mondial de la Douleur et le Forum Open Minds avec le soutien de Mundipharma international : septembre 2010 - Etude Paliers, laboratoires BMS-Squibb 19 novembre 2010 – Conférence de presse Société française d’Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD) 2 décembre 2010

Aller à la barre d’outils