La télémédecine pour prévenir l’AVC

27 février 2014

Dans le Limousin, la télécardiologie est une réalité. En 2011, le Dr Patrick Dary, cardiologue dans la Haute-Vienne s’est lancé dans un ambitieux projet de suivi à distance de patients à risques cardiovasculaires. Trois ans plus tard, son étude est un franc succès. « Nous démontrons que ce genre de protocole est possible », décrit-il. Même si tout ne fut pas rose.

En 3 ans, le Dr Dary a intégré 600 patients dans son étude : 290 hypertendus, 240 souffrant d’un trouble du rythme et 70 insuffisants cardiaques. Tous sont originaires de Haute-Vienne, de Corrèze et de Dordogne, « des zones rurales, critiques sur le plan de la démographie médicale ».

Chacun d’entre eux fait l’objet d’un suivi qui s’étale entre 5 et 30 jours. En pratique, « nous les dotons du matériel nécessaire à la transmission des données », explique le médecin. « Par exemple, chaque patient souffrant d’un trouble du rythme reçoit un holter, un enregistreur portatif, dont il applique seul, à domicile, les électrodes sur le thorax. L’appareil transmet automatiquement les électrocardiogrammes que nous réceptionnons ».

200 admissions évitées…

Avec le recul, le Dr Dary a montré que « pour 35% de ces patients, la télésurveillance a amélioré la prise en charge de leur trouble ». Le plus souvent, une fibrillation auriculaire, un facteur de risque d’accident vasculaire cérébral. « Mais surtout, nous estimons que nous avons pu éviter entre 150 et 200 admissions aux Urgences ».

Le médecin limousin espère parvenir à rassembler 1 000 patients d’ici la fin de l’année. « Nous aurons alors un travail vraiment significatif sur le plan de la santé publique ». A ce stade, il en tire toutefois de nombreux bénéfices. « Comme le fait que 90% des patients acceptent le suivi avec le matériel et que l’immense majorité des données, y compris celles provenant de contrées reculées, sont bien transmises ».

Pas de centre de télésurveillance

Le Dr Dary ne cache pas toutefois quelques difficultés. Lesquelles sont aujourd’hui surmontées. « Il m’arrive de suivre simultanément 20 patients par jour. Sachant que chacun d’entre eux génère une quinzaine de données, cela peut en faire plus de 300 à analyser en fin de journée. C’est bien sûr impossible. C’est pourquoi, j’ai opté pour un système d’alerte, en m’inspirant de ce qui est réalisé en Allemagne. A la différence près : de l’autre côté du Rhin, médecins et patients disposent de centres de télésurveillance qui permettent de multiplier et d’installer ce genre de protocole de télémédecine ». En France, de telles structures n’existent pas…

  • Source : Interview du Dr Patrick Dary, 26 février 2014

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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