Le burn-out, «comme une bougie qui se consume…»

27 février 2013

Quels sont les professionnels les plus exposés au risque de burn-out ? Quels signes doivent alerter ? Après le témoignage de Stéphanie hier, Aurélie Defois, psychologue spécialisée dans l’accompagnement de la souffrance au travail insiste sur l’importance de la prévention.

Tous les métiers ? Médecins, infirmiers, travailleurs sociaux… « Le secteur médico-social a longtemps été en première ligne », nous explique-t-elle. « Il s’agit de professionnels qui prennent en pleine face les problèmes voire l’agressivité des autres. » Depuis quelque temps, elle observe toutefois que le profil des victimes sort de plus en plus de ce secteur d’activité. « Aujourd’hui cela tend à s’élargir à tous les secteurs d’activité, notamment chez les cadres et les managers du fait de la pression. Dans tous les cas, il s’agit le plus souvent de personnes très impliquées dans leur travail, guidées par des valeurs fortes et qui éprouvent le besoin de se sentir utiles. A un moment donné, elles subissent un grand décalage entre leurs attentes et la réalisation de ces dernières sur le terrain. Et elles en viennent à perdre leur estime d’elles-mêmes. »

Quels signes ? Aurélie Defois explique que « les victimes nous racontent souvent qu’elles n’ont rien vu venir. » Il n’empêche que certains comportements doivent vraiment alerter. « Sur le plan émotionnel, on éprouve un sentiment d’impuissance, on est gagné par le pessimisme alors que ce n’est pas du tout dans sa nature… Les victimes de burn-out se placent en retrait des autres : les membres de la famille, les amis, les collègues. Au travail, progressivement elles s’isolent et modifient leurs comportements.  Elles souffrent aussi de troubles de la concentration, et de la mémoire. La qualité du travail s’en trouve altérée. Ces personnes perdent leurs capacités de discernement et d’action rapide, alors même qu’elles faisaient leur force jusque-là. » Elle ajoute enfin certains signes physiques : « troubles du sommeil, fatigue, maux de tête à répétition, problèmes de dos, difficultés à se lever le matin, perte de la motivation… »

En parler. En conclusion lorsque l’on se sent épuisé au travail, « il ne faut surtout pas rester seul. Il faut en parler, à son entourage, à son médecin ou à sa hiérarchie même si peu de managers sont formés à ce type d’écoute. Ne pas hésiter non plus à consulter un psychologue ou un psychiatre ». Quant aux personnels connectés 24h sur 24h à leur entreprise via les portables – téléphone et/ou ordinateur – « ils doivent apprendre à se ménager du temps. Il est important de couper mais aussi de conserver une bonne hygiène de vie, en termes notamment d’alimentation et de sommeil. Le burn-out est une maladie sournoise. C’est comme une bougie qui se consume lentement. Un jour, il n’y a plus rien. »

Ecrit par David Picot – Edité par Emmanuel Ducreuzet

  • Source : Interview d’Aurélie Defois, 18 février 2013

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