Le gène de la dépression, mythe ou réalité ?

05 janvier 2011

La question de l’origine génétique de la dépression est un serpent de mer. Des chercheurs américains déclarent cette fois-ci avoir découvert de nouvelles preuves… accablantes pour nos gènes ! Ils ont même désigné un coupable, puisqu’il s’agirait du gène gouvernant la production de sérotonine.

Le Dr Srijan Sen et ses collègues de l’Université du Michigan, ont employé les grands moyens. Compilant toutes les études réalisées sur le sujet depuis 2001, ils ont réuni pas moins de 54 travaux rassemblant près de 41 000 participants ! Une somme !

Cette méta-analyse « confirme que les gènes jouent bien un rôle dans notre réponse à l’adversité », expliquent les auteurs. Et ils pointent du doigt le gène de la sérotonine, le neurotransmetteur chargé de réguler nos humeurs.

A leurs yeux, tout dépendrait de la longueur des allèles sur les chromosomes. « Les porteurs d’un allèle court sur une partie bien spécifique du ‘gène de la sérotonine’ présentent un risque plus élevé de dépression que les autres, dont l’allèle est long », assurent-ils. Un constat confirmé par le Pr Rudolf Uher, de l’Institut de Psychiatrie de Londres. Dans un commentaire publié dans le même numéro des Archives of General Psychiatry, il affirme en effet que le fait de porter « une forme courte du transporteur de la sérotonine augmente la vulnérabilité » au stress et aux difficultés.

Les auteurs toutefois, mettent le lecteur en garde : « Inutile de se jeter sur les tests génétiques » lancent-ils. « Cette composante génétique ne serait qu’une raison parmi d’autres, à la manière dont nous réagissons au stress ou un événement traumatisant. Des recherches complémentaires seront encore nécessaires, pour mieux comprendre le rôle des gènes ».

Rappelons que la dépression constitue l’une des principales causes de suicide. Chez ses victimes en effet, le risque suicidaire est de 24 à 36 fois plus élevé que dans le reste de la population.

D’après le Baromètre santé de l’INPES (2006), près d’un Français sur dix aurait traversé un épisode dépressif majeur au cours des 12 mois précédant l’étude. C’est un phénomène inquiétant et pour l’OMS, la dépression pourrait bientôt constituer « la deuxième cause de maladie incapacitante, en termes d’arrêt de travail, au niveau mondial». Juste derrière les maladies cardiovasculaires.

  • Source : Archives of General Psychiatry, 4 janvier 2011 – Ministère de la Santé , 13 juillet 2009– OMS, Thème de Santé Suicide

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