Obésité et précarité, la double peine

29 avril 2013

Les fruits et légumes sont souvent plus onéreux que la junk food. ©Phovoir

Une situation de précarité sociale et financière favorise l’obésité. Toutes les études épidémiologiques le montrent. Mais comment expliquer cette triste réalité ? Le Dr Jean-Michel Lecerf, chef du Service nutrition à l’Institut Pasteur de Lille fournit quelques pistes pour mieux comprendre ce phénomène.

Une situation économique défavorable et le coût des aliments expliqueraient l’important développement de l’obésité chez les populations précaires. En effet, « les aliments à bas prix ont une densité énergétique (Kcal/100grammes) beaucoup plus élevée que les aliments plus coûteux », note Jean-Michel Lecerf. Pour être plus précis, les fruits et légumes sont souvent plus onéreux que les chips, biscuits, boissons sucrées et autres friandises. Toutefois, « cette explication ne peut pas être la seule », assure-t-il.

« L’obésité est 5 à 10 fois plus fréquente lorsque les conditions socio-économiques sont mauvaises. » Le prix des pommes et des courgettes ne pourrait donc pas, d’après le Dr Lecerf, être la seule cause de cette énorme différence. « Le moindre accès à l’information, à la prévention et à ses messages, aux soins et aux structures pour l’activité physique et sportive » pourraient également expliquer cette forte disparité. En outre, « l’habitat et l’urbanisme, tels que les types de commerce, les espaces verts, les moyens de déplacement » pourraient avoir un impact. Ainsi « une étude avait montré que la prévalence de l’obésité était beaucoup plus élevée dans les quartiers où les graffitis étaient abondants et les arbres rares », note-t-il.

Informer, sensibiliser, former

« L’obésité est un handicap », souligne Jean-Michel Lecerf. « Si la stigmatisation semble moins s’exercer dans les milieux défavorisés, où l’obésité est la condition la plus partagée, cette situation n’incite pas au changement de mode de vie. » Raison de plus pour tenter d’accentuer les efforts de prévention et d’information sur cette population.

L’initiative menée par l’Association Nationale de Développement des Epiceries solidaires (ANDES) et l’Association Française des Diabétiques (AFD) est un bon exemple. Des bénévoles de l’ANDES avaient été sensibilisés sur l’importance d’avoir une bonne hygiène alimentaire et l’impact que celle-ci peut avoir sur la prise en charge du diabète. L’objectif, étant de sensibiliser les populations fréquentant ces épiceries aux risques liés à leurs comportements alimentaires.

Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : La lettre de la Nutrition numéro 13, de l’Institut Pasteur de Lille et les Thermes de Brides-les-Bains, avril 2013

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