Paludisme : financements en berne, la bataille est en panne

17 décembre 2012

La lutte contre le paludisme, l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières qui soient, est en butte à un coup d’arrêt. Dans un rapport publié ce lundi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dénonce le « ralentissement de la lutte antipaludique, et le risque (que soient réduits à néant) les progrès remarquables accomplis récemment ».

« Au cours des 8 dernières années, le développement de la lutte antipaludique a permis d’éviter plus d’un million de décès », a déclaré Ellen Johnson Sirleaf, Président du Libéria, lors de la présentation officielle du rapport à Monrovia, sa capitale. « Nous devons préserver cette dynamique et tout faire pour éviter une résurgence de la maladie »,

Moins de moustiquaires imprégnées

« Après avoir rapidement progressé entre 2004 et 2009, le financement mondial de la prévention et de la lutte contre le paludisme s’est stabilisé entre 2010 et 2012 », indiquent les auteurs du rapport. Il semble même « plafonner à un niveau très inférieur à ce qui serait nécessaire pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement liés à la santé ».

Selon les estimations, entre 2011 et 2020, il serait indispensable de mobiliser environ 5,1 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) chaque année. Or en 2011, le total des fonds disponibles est resté stable à 2,3 milliards de dollars (1,76 milliard d’euros). C’est moins de la moitié des sommes nécessaires.

Autre sujet de préoccupation, le nombre de moustiquaires imprégnées d’insecticides distribuées dans les pays en développement a fortement diminué. Il est passé de 145 millions en 2010 à 66 millions en 2012. Soit une baisse de 55% !

Une mortalité difficilement estimable

En revanche, la distribution de combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT) – le traitement de référence recommandé par l’OMS – est en progrès importants. Les quantités distribuées sont passées de 181 millions d’unités en 2010, à 278 millions en 2011. Pour l’OMS, cette tendance s’explique surtout par « l’essor des ventes d’ACT subventionnées dans le secteur privé ».

En 2010, dans le monde, 219 millions de cas de paludisme ont été recensés. Et « environ 660 000 personnes, pour la plupart des enfants de moins de cinq ans », en sont mortes. En conclusion, les rapporteurs insistent sur la difficulté de donner des chiffres fiables. « Aujourd’hui, les systèmes de surveillance ne permettent de détecter que le dixième du nombre estimé de cas dans le monde. Dans 41 pays, il est impossible d’apprécier de manière fiable l’évolution du paludisme », décrivent-ils.

Aller plus loin : Téléchargez le Rapport 2012 sur le paludisme dans le monde (en anglais).

  • Source : OMS, 17 décembre 2012

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