PIP : « pas de dangerosité avérée pour la santé »

22 novembre 2012

Une équipe française publie une étude selon laquelle les prothèses PIP, qui défraient la chronique depuis novembre 2011, ne présentent « pas de dangerosité avérée pour la santé ». Cela confirme l’avis de l’Institut national du Cancer (INCa) publié… le 22 décembre 2011. Mais aussi les propos rassurants des autorités françaises depuis quelques mois déjà. Celles-ci avaient toutefois décidé, par mesure de précaution, de recommander une explantation préventive à toutes les femmes porteuses de ces implants.

« Mon équipe et moi-même avons retrouvé et convoqué 659 patientes porteuses d’une prothèse PIP. La plupart avait été opérée pour des raisons cancérologiques », explique le Pr Krishna B. Clough, principal auteur de l’étude menée par l’Institut du Sein, à Paris. Son équipe a explanté 374 de ces patientes, et a pu observer d’éventuelles ruptures.

« Aucune dangerosité avérée pour la santé n’a été retrouvée dans notre étude », précise Krishna Clough. « Nous n’avons en effet pas observé d’augmentation de la récidive du cancer du sein chez les patientes ayant eu recours à la reconstruction mammaire, par rapport à une population témoin. Aucune des femmes opérées dans un but esthétique n’a développé de lymphome ni de cancer du sein. Nos résultats sont donc totalement rassurants sur un plan médical », complète-t-il.

Davantage de ruptures des implants

Le taux de rupture en revanche, s’élève à 15%, avec un recul de 5 ans. « Un résultat énorme qui confirme la fragilité de ces implants, contenant un gel frauduleux », rappelle le Pr Clough. D’ailleurs, l’Agence nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de santé (ANSM) signalait dans son dernier point d’étape que 3 188 femmes avaient été victimes d’une rupture de leur prothèse depuis décembre 2011. Et elles étaient en outre 1 862 à avoir souffert d’une réaction inflammatoire due à leurs implants. « Ces événements indésirables sont fréquents et de survenue précoce », soulignait l’agence.

Près d’un an après la décision de l’ANSM, 13 000 femmes se sont fait retirer leurs prothèses. Dans la majorité des cas (79%), « les implants ont été trouvés intacts ». Toutefois « le risque de rupture combiné au pouvoir irritant du gel, peut conduire à des réactions inflammatoires rendant difficile l’explantation », précisait l’agence.

Des explantations difficiles à vivre

La décision des autorités de recommander l’explantation à titre préventif provoque la perplexité – pour le moins – de certains médecins. C’est le cas justement, de Krishna Clough. « J’ai été très gêné de retourner au bloc pour opérer des femmes fragilisées, dans des circonstances délétères d’angoisse, alors qu’aucun danger pour leur santé n’avait été démontré. C’est tout le problème du principe de précaution. C’est un choix de société », estime-t-il. Selon lui, « le passage à l’acte chirurgical n’est pas évident pour toutes les patientes ». Par conséquent, une fois informées, certaines décident de ne pas se faire explanter.

Aller plus loin : consultez l’avis de l’INCa publié le 22 décembre 2011.

  • Source : Interview du Pr Krishna B. Clough de l’Institut du Sein et membre de la Société française de Sénologie et de Pathologie mammaire (SFSPM), 14 novembre 2012 ; ANSM, 30 octobre 2012

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