Sages-femmes : dans la ligne de tir des gynécologues

27 janvier 2014

Pregnant Woman Lying In Hospital BedEn grève depuis plusieurs semaines pour obtenir la « pleine reconnaissance » de leur travail et la révision de leur statut, les sages-femmes sont « blessées par les accusations » du SYNGOF, principal syndicat de gynécologues. Celui-ci en effet, dénonce des dérapages dans la pratique de certaines professionnelles. Critiques « sans fondement » selon Marie-Josée Keller, présidente de l’Ordre national des Sages-femmes.

« Différentes régions remontent des accidents, par exemple de pose inadéquate de stérilet non diagnostiquée par les sages-femmes », affirme le Syndicat national des Gynécologues et Obstétriciens de France (SYNGOF). Pour Marie-Josée Keller, « ces accusations sans preuve sont floues. On peut même douter de leur véracité ». Elle va d’ailleurs jusqu’à qualifier l’attitude du SYNGOF d’« anti-confraternelle et anti-déontologique ».

Depuis 2009, les sages-femmes peuvent pratiquer le suivi gynécologique de leurs patientes, et prescrire leur contraception. La pose d’un Dispositif intra-utérin (DIU) relève donc bien de leur compétence. « Mais si, par la suite, la femme se plaint de douleurs utérines la sage-femme doit l’adresser à un médecin compétent », rappelle le Dr Elisabeth Paganelli, secrétaire générale du SYNGOF.

Marie-Josée Keller ne remet pas en cause cette approche. « Nous ne sommes pas là pour soigner, mais pour faire de la prévention », souligne-t-elle. « Lorsque nous détectons quelque chose de suspect, nous référons la patiente à un médecin. » Dans ce contexte, elle « comprend difficilement pourquoi le SYNGOF attise des conflits entre les deux professions, alors même qu’elles travaillent si bien ensemble sur le terrain ! »

Chacun son rôle

Rappelant que les sages-femmes ne peuvent pas « en toute sécurité, assurer le suivi gynécologique au même titre que les docteurs en médecine », le SYNGOF en appelle donc aux pouvoirs publics. Il leur demande de « maintenir le champ délimité des compétences des sages-femmes. » Marie-Josée Keller dit l’incompréhension de ces dernières. « Nous ne revendiquons en aucun cas un élargissement de nos compétences. Nous souhaitons seulement être plus visibles et que notre travail soit mieux reconnu », assure-t-elle.

L’incompréhension règne donc entre les deux professions. La situation est rendue plus pesante, parle recul démographique de la spécialité des gynécologues médicaux. Cette évolution est telle qu’en France, bien des patientes éprouvent des difficultés à obtenir un bon suivi.  . « En 2011, une femme sur cinq ne faisait pas l’objet d’un suivi suffisant », souligne Marie-Josée Keller. Ce que ne nie pas la secrétaire générale du SYNGOF, qui souhaite « aider simplement à une redistribution des soins selon les compétences ». Espérons pour le bien des patientes, que ces dissensions se dissipent rapidement.

Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Marc Gombeaud et Emmanuel Ducreuzet

  • Source : Communiqué du SYNGOF, 21 janvier 2014 – interview du Dr Elisabeth Paganelli, gynécologue médicale à Tours et secrétaire générale du SYNGOF, 22 janvier 2014 – interview de Marie-Josée Keller, présidente de l’Ordre national des Sages-femmes, 22 janvier 2014

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