Suicides : la détresse des jeunes homosexuels

06 février 2014

Le suicide est la première cause de mortalité entre 25 et 34 ans ! Une tendance particulièrement marquée chez les homosexuels. Plus de 30% ont déjà tenté de mettre fin à leurs jours. Se pose alors inévitablement la question du risque accru de comportement suicidaire pour ce qu’il est convenu d’appeler  les « minorités sexuelles ».

« La prévalence des tentatives de suicide au cours de la vie a été estimée à 10,8% pour les femmes homosexuelles contre 4,9% pour les hétérosexuelles. Chez les hommes, les estimations s’établissaient à 12,5% pour les homosexuels contre 2,8% pour les hétérosexuel » pouvait-on lire en décembre 2011 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

Ces chiffres ne surprennent pas Isabelle Chollet, psychologue au sein du Refuge, association qui agit contre l’isolement des jeunes. « Ses statistiques sont d’autant plus accablantes chez les ados et les jeunes adultes homosexuels. Un sur trois a déjà tenté de se suicider ! »

L’autocensure à la source du malaise

« La majorité de ces tentatives survient alors que les jeunes se trouvent isolés, sans groupe social d’appartenance », commente-t-elle. « Ils découvrent leur orientation sexuelle et se retrouvent trop souvent rabaissés, désemparés et seuls. Ils ne parviennent pas à assumer leur attirance sexuelle. A l’heure actuelle, et il suffit de regarder les infos pour s’en apercevoir, l’homosexualité est victime d’une stigmatisation sociale négative. »

Tout cela participe à un mal être, une détresse, une inquiétude, un conflit intérieur.  « Ce taux élevé de suicide chez les jeunes homosexuels est une réponse individuelle à une recrudescence de la parole homophobe. Dans la mesure où ils ne se conforment pas à ce qu’on voudrait qu’ils soient, certains préfèrent en finir. »

La parole contre la détresse et la solitude

« La sexualité n’est pas un choix », martèle Isabelle Chollet. « La compréhension doit passer par une écoute approfondie des plus jeunes qui ne doivent pas se sentir exclus. Ils apprécient de discuter de leurs sentiments et faire part de leur expérience. Il existe des groupes d’entre-aide, comme le refuge. Enfin, l’Ecole devrait jouer son rôle de socialisation et les médias repousser les images caricaturales ! »

Pour en savoir plus rendez-vous sur le site du Refuge.  Isabelle Chollet est le co-auteur (avec Michel Dorais) de l’ouvrage « Etre homo aujourd’hui en France » aux éditions H&O.

Aller plus loin: Consultez notre dossier sur les chiffres du suicide en France.

  • Source : Interview d’Isabelle Chollet, 3 février 2014

  • Ecrit par : Vincent roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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