Tabac : quelle méthode pour arrêter ?

31 mai 2013

Le tabac est à l’origine de 73 000 décès chaque année en France. © Phovoir

Demain j’arrête ! Quel fumeur n’a jamais prononcé ces mots ? Mais parfois la volonté seule ne suffit pas et un petit coup de pouce s’impose. A l’occasion de la Journée mondiale sans tabac qui se tient ce 31 mai, tour d’horizon des différentes méthodes d’aide au sevrage tabagique en compagnie du Dr Claude Guillaumin, addictologue comportementaliste et responsable de l’unité de tabacologie du CHU d’Angers.

Les patchs. « Les patchs sont apparus en France en 1992 » explique-t-il. « Ce fut une révolution pour les fumeurs qui n’étaient pas en mesure d’arrêter seuls. » Le principe en est simple. Une fois le patch collé sur la peau, la nicotine traverse la barrière cutanée avant d’atteindre la circulation veineuse. L’effet commence à être perceptible au bout de trente minutes environ et se poursuit tout au long de la journée. En début de sevrage, la dose de nicotine doit être suffisante pour compenser l’apport habituel obtenu en fumant. « Il s’agit là d’un procédé intéressant pour les gros fumeurs. La diffusion sur 24 heures permet en effet de ne pas sentir la sensation de manque au réveil. »

Les gommes. Le principe de ces produits est en fait le même que celui des patchs. « La seule différence réside dans le fait que les utilisateurs gèrent eux-mêmes leur prise. Dès qu’ils en ressentent le besoin, ils mâchent », continue Claude Guillaumin. Pour se montrer efficaces, les gommes doivent être sucées pendant quelques minutes, puis mâchées lentement. Utilisées correctement, elles libèrent une partie de la nicotine qu’elles contiennent. Celle-ci se diffuse dans la circulation sanguine avant d’atteindre le cerveau en douceur. De manière générale, huit à douze gommes par jour sont nécessaires au début du sevrage. Puis les doses diminuent graduellement.

L’inhaleur. « C’est un peu la cigarette électronique médiévale », s’amuse l’addictologue. Ce système se présente sous la forme d’un embout en plastique. Ce dernier s’ouvre pour  recevoir une cartouche contenant un tampon imprégné de nicotine. A chaque utilisation, le fumeur aspire de l’air chargé de microgouttelettes de nicotine.

Il existe également des comprimés à faire fondre sous la langue et des comprimés à sucer. Leur principe est le même que pour les autres formes de substituts.

Pour notre spécialiste, « toutes ces méthodes ont prouvé leur efficacité. Ce ne sont pourtant pas des produits miracles. Ils s’avèrent performants lorsque la dépendance est physique. Ils atténuent cette sensation de manque. Mais si la dépendance est émotionnelle et circonstancielle – sous l’effet d’une émotion, d’un stress… – le candidat au sevrage doit apprendre à gérer. Ce n’est pas toujours facile. C’est là que le comportementaliste entre en jeu. En dialoguant avec le fumeur, il entame les démarches pour résoudre le problème. »

La cigarette électronique. Sur ce produit le Dr Guillaumin se dit « partagé ». « J’ai vu des patients arrêter de fumer grâce à la e-cigarette. Les études sur la toxicité sont quasiment inexistantes. Et même si son utilisation à court terme ne semble pas poser de problème, on ne sait rien sur les risques de rechute. » Sans compter que selon la Ligue nationale contre le Cancer « la cigarette électronique maintient le geste de fumer dans les lieux où cela est interdit et l’assimile à une incitation à violer l’interdiction de fumer ». Notre addictologue s’interroge donc : « cette e-cigarette, produit de sevrage ou d’initiation au fumage ? »

Et le Champix® ? Voilà un produit qui fait débat. Pour le Dr Guillaumin, « cet agoniste partiel des récepteurs nicotiniques cérébraux a déjà fait ses preuves ». Du côté des autorités de santé, le son de cloche est quelque peu différent. Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), le Champix® présente un « intérêt clinique dans le sevrage tabagique, mais en seconde intention après échec des traitements nicotiniques de substitution. » Et ce « compte tenu des effets indésirables, en particulier ceux en relation avec le suicide et l’état dépressif. »

Alors, quelle méthode privilégier ? « Chaque fumeur est différent. Certains fument beaucoup, d’autres moins. Certains veulent arrêter immédiatement, d’autres souhaitent le faire de manière progressive » conclut le Dr Guillaumin. « Là encore, un tabacologue peut vous aider à choisir la formule qui vous conviendra le mieux. »

Enfin rappelons que l’Assurance-maladie accompagne l’arrêt du tabac. Elle rembourse, sur prescription médicale établie par un médecin ou une sage-femme, les traitements par substituts nicotiniques à hauteur de 50 € par année civile et par bénéficiaire. Pour les femmes enceintes, ce montant est porté à 150 €.

Pour en savoir plus, rendez vous sur le site du Réseau français des addictologues comportementaliste, tabacologues.

Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : Interview du Dr Claude Guillaumin, 30 mai 2013

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