Un ver marin comme substitut du sang

01 décembre 2011

Utiliser l’hémoglobine d’un ver marin pour remplacer le sang ou assurer une meilleure conservation des organes avant transplantation ? Voilà des prouesses dont Jules Verne – ou plutôt le capitaine Nemo – aurait pu avoir l’idée… Eh bien, c’est désormais – presque – possible grâce à une entreprise bretonne. Celle-ci n’est pas installée sur les bords de Loire mais au contraire sur la côte nord du Finistère, à Morlaix.

Cela fait des années que les scientifiques de la société de recherche et de développement Hemarina s’intéressent aux propriétés singulières d’Arenicola marina, le « ver de vase » bien connu des pêcheurs. Vous savez, celui qui laisse ces drôles de petits tortillons sur l’estran, quand la mer s’est retirée…

A la différence de celle des vertébrés, les molécules d’hémoglobine de l’arénicole, ne sont pas enfermées dans des globules rouges. Elles sont « extracellulaires », ce qui semblerait leur assurer une compatibilité avec tous les groupes sanguins. Et une efficacité intéressante dans le transport de l’oxygène.

« Le projet initial était de créer un substitut sanguin universel » nous explique Franck Zal, Pdg de la société Hemarina. « Des essais sur animaux nous ont permis de constater que ces derniers continuaient à vivre normalement après ‘transfusion’ et qu’il n’existait aucune toxicité ».

La création d’un sang artificiel est un « serpent de mer » à la poursuite duquel sont lancées bien des équipes de recherche, dans le monde entier. Les établissements hospitaliers et les agences spécialisées sont en effet en quête perpétuelle de sang, pour satisfaire des besoins en constante croissance. La mise au point d’un tel substitut constituerait, à coup sûr, une révolution. Et l’entreprise bretonne semble avoir coup d’avance sur ses concurrents, même si l’évolution du projet est ralentie faute de financements.

Une solution pour conserver les greffons

Peut-être parce qu’en l’occurrence il peut être intéressant de poursuivre deux lièvres à la fois, Hémarina développe en parallèle un autre projet, apparemment tout aussi prometteur. Les propriétés de l’arénicole en effet, s’étendraient également au domaine de la transplantation d’organes. Et plus particulièrement de la préservation des greffons.

Toujours à partir de l’hémoglobine d’arénicole, Hemarina a mis au point une solution qui permet d’améliorer et de prolonger la conservation de ces derniers : – Hemo2life® a déjà fait l’objet de 5 brevets… et d’une publication dans l’American Journal of Transplantation.

Selon Franck Zal, ce produit « devrait devenir incontournable dans les prochaines années au sein des centres hospitaliers. Le dossier de demande d’autorisation de mise sur le marché est en cours de finalisation. Si l’AFSSaPS répond par l’affirmative, nous espérons qu’il puisse être utilisé dès le second semestre 2012. »

  • Source : Interview de Franck Zal, 23 novembre 2011

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