La nicotine : une haute toxicité fœtale

25 septembre 2015

Première cause de mortalité chez les moins d’un an, la Mort Inattendue du Nourrisson (MIN) est à l’origine de 400 à 500 décès chaque année en France. Parmi les facteurs de risques, l’exposition fœtale à la nicotine. Les précisions du Pr Hugues Patural, chef du pôle réanimation pédiatrique et néonatologie au CHU de St Etienne, en direct du 3e Congrès national de Centres de Référence de la Mort inattendue du Nourrisson (MIN), organisé à Nantes ce 25 septembre.

En France, 15% à 20% des femmes enceintes sont considérées comme fumeuses actives. « Avec 1 à 10 cigarettes par jour, l’exposition fœtale à la nicotine multiplie par 4,3 le risque de décès du nourrisson dans sa première année de vie », précise le Pr Patural. « Ce risque passe à 6,5 si la femme fume entre 10 et 20 cigarettes par jour, et 8,6 à partir de 20 ».

Un fœtus surexposé. Pendant la grossesse, « la porosité de la barrière placentaire est telle que l’on peut à peine parler de barrière », note le Pr Hugues Patural. Ainsi lorsqu’une femme enceinte fume une cigarette, l’absorption de nicotine est immédiate. « Les concentrations en nicotine chez le fœtus dépassent de 15% celles de la mère, et de 88% celles du plasma maternel ».

Une fragilité respiratoire et cardiovasculaire. « L’exposition fœtale à la nicotine atteint les récepteurs nicotiniques du cerveau fœtal, et la neurotransmission s’en trouve altérée ». Chez l’enfant à naître, cette toxicité perturbe le sommeil. Plus grave, elle augmente le risque de troubles neurocognitifs, comportementaux et attentionnels mais aussi de cardiopathies, de fentes sternales et de malformations pulmonaires.

Mieux prévenir les MIN. Au total, parmi les 400 à 500 MIN répertoriés chaque année en France, les causes sont connues dans 60% des cas.  « Mais jusqu’ici, faute de données, il est impossible d’évaluer le nombre de décès dus à la nicotine », précise le Pr Patural.

C’est pourquoi depuis mai 2015, l’Observatoire national de la mort inattendue du nourrisson permet aux professionnels de santé de déclarer chaque décès survenant entre 0 et 2 ans. Initié par l’Association nationale des centres référents de la mort inattendue du nourrisson (ANCReMIN), « grâce à ce dispositif, les professionnels regroupent les informations socioéconomiques, cliniques et biologiques liés au décès ». L’objectif, répertorier l’incidence de chacun des facteurs de risque pour mieux prévenir leur survenue.

  • Source : Interview du Pr Hugues Patural, chef de pôle réanimation pédiatrique et néonatologie au CHU de St Etienne, le 23 septembre 2015.

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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