Aspartame: le débat continue, les données restent les mêmes

29 juin 2011

Le Réseau Environnement Santé (RES) a relancé ce matin le débat sur l’innocuité de l’aspartame. En particulier sur le sujet éminemment sensible de la « dose journalière acceptable » (DJA), fixée depuis 1984 à 40mg/kg de poids/jour. L’Association internationale des fabricants d’Edulcorants (ISA) a naturellement réagi promptement, rappelant l’absence de preuves quant aux dangers prêtés aux édulcorants intenses, catégorie à laquelle appartient l’aspartame. L’Autorité européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) enfin, est également entrée dans la bataille. Elle a ainsi rappelé qu’elle procédait depuis quelques mois à une réévaluation complète de toutes les études portant sur le sujet. Les conclusions de ce travail seront disponibles en 2012.

Les plus récentes controverses concernant l’aspartame, trouvaient leur origine dans des études, italiennes et danoise. Celles-ci pointaient une augmentation du risque de cancer, ainsi que du nombre d’accouchements prématurés. Des biais sérieux avaient été dénoncés pour les études italiennes, et des données supplémentaires réclamées pour confirmer ou… infirmer les résultats du travail danois portant sur le risque d’accouchement prématuré.

Une dose journalière acceptable faussée?

Cette fois-ci, l’angle d’attaque est différent. Deux associations, le Réseau Environnement Santé (RES) et Générations futures ont organisé ce matin une conférence de presse où étaient présents trois parlementaires : Corinne Lepage (Cap21), Gérard Bapt (PS), Anny Poursinoff (Europe Ecologie – Les Verts). Sur le fond, RES accuse ni plus ni moins la Food and Drug Administration américaine (FDA) de n’avoir pas pris en compte l’ensemble des données ayant permis de fixer en 1985, la dose journalière acceptable d’aspartame à 40mg/kg de poids/jour. Ses responsables demandent donc “la réévaluation complète et immédiate de cet édulcorant“, en particulier de la DJA.

Une réévaluation déjà en cours

Dans un courrier du 21 juin, l’EFSA faisait certes valoir que « les données ne justifiaient pas de réviser la DJA établie ». Mais elle ne fermait toutefois pas la porte à une nouvelle étude sur le sujet. Elle annonçait surtout, avoir déjà lancé une réévaluation complète de l’aspartame dont les résultats seront publiées en 2012. Ce travail correspond en fait à une demande de la Commission européenne, vraisemblablement animée par une volonté de transparence, 25 ans après l’établissement de la DJA.

En mars dernier, une réunion sur l’aspartame avait été organisée par Corinne Lepage (déjà) au siège du Parlement européen à Bruxelles. L’EFSA y avait participé “pour expliquer l’ensemble des travaux scientifiques (qu’elle avait) entrepris sur cette substance au cours des dernières années.” Elle a ensuite fait part de son regret “que, lors de leur communication sur les résultats de cette réunion, les organisateurs de cet événement (aient continué) de réitérer des erreurs et à se faire l’écho d’informations erronées.

De son côté, l’ISA « déplore que les déclarations de l’EFSA et d’autres autorités de sécurité alimentaire dans le monde soient constamment mises en doute. Cela mène à une désinformation de l’opinion publique sur (cet) édulcorant ». Elle insiste enfin sur le fait que « les nombreuses études menées en Europe et en France ont conclu que la consommation d’aspartame était très inférieure à cette DJA. En France, même chez les plus grands consommateurs tels les enfants diabétiques, elle ne représente que 5% de la DJA“.

Pour en savoir plus:
– le courrier de l’ANSES au RES
– le courrier de l’EFSA au RES
– le rappel par l’Association europénne de Sécurité des Aliments (EFSA) sur sa réévaluation de toutes les données scientifiques concernant l’aspartame (en anglais seulement).

  • Source : Réseau Environnement Santé, 29 juin 2011 – EFSA, 29 juin 2011 – ISA, 29 juin 2011.

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