Binge drinking, de plus en plus tôt

04 octobre 2010

La rentrée universitaire n’est pas uniquement synonyme de retour aux études. Les traditionnelles journées d’intégration et les soirées étudiantes, amènent aussi leur lot d’alcoolisations parfois extrêmes.

Le binge drinking ou alcoolisation massive, a toujours été pratiqué dans la population étudiante. Toutefois, un nouveau phénomène inquiète les spécialistes : les collégiens et les lycéens prennent de plus en plus tôt exemple sur leurs aînés.

S’il fait référence à une alcoolisation massive concentrée sur une courte période de temps, le concept de binge drinking n’en reste pas moins flou. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) l’a cependant défini avec davantage de précision. Elle admet aujourd’hui que ce comportement correspond à la consommation d’au moins 5 verres pour un homme, et 4 verres pour une femme, lors d’une même occasion. Autrement dit lors d’une même soirée. Or dans la pratique, les jeunes consomment souvent bien davantage…

« Les étudiants de première année quittent le milieu familial et profitent de leur liberté fraîchement acquise pour boire de l’alcool. Les ivresses régulières – soit plus de 10 dans l’année – se poursuivent en deuxième année. Elles y sont même trois fois plus nombreuses », explique le Dr Philippe Arvers, addictologue à Grenoble. Ces soirées, dont le but unique est l’alcoolisation voire le coma éthylique, ne sont pas une nouveauté. Elles sont connues de longue date, « surtout dans certaines filières comme médecine et pharmacie ». Une enquête de la Mutuelle des Etudiants (LMDE) menée auprès de 2 000 jeunes en 2008, indiquait que 6 d’entre eux sur 10 consommaient de l’alcool. Et 13% admettaient même boire des alcools forts au moins une fois par semaine.

Ivresses au collège et au lycée

Début 2007, la mutuelle étudiante SMENO a étudié les consommations d’alcool des lycéens. Constat alarmant : 16% des garçons (et 9% des filles) déclarent une ivresse par semaine. Résultat confirmé par « une hausse du nombre d’hospitalisations dues à l’alcool chez les moins de 15 ans ces 2 dernières années, d’après le bureau des addictions à la Direction générale de la Santé (DGS) », indique le Dr Arvers.

« En consommant de l’alcool en grandes quantités, ces très jeunes adolescents prennent des risques importants », explique notre spécialiste. Lésions de la substance blanche du cerveau, relations sexuelles non-protégées, accidents de la route… les risques sont graves et les séquelles cérébrales peuvent être sévères. « Ils mettent en péril toute leur vie scolaire », insiste notre addictologue, qui participe à des actions de sensibilisation auprès d’étudiants, de collégiens et de lycéens. Plaquettes d’information, courts métrages et interventions dans les établissements, « les jeunes se sentent davantage concernés lorsqu’on les fait participer à la prévention », note le Dr Arvers.

Notons que l’Institut (INPES) a lancé en 2010 un site Internet www.alcoolinfoservice.fr. D’abord destiné aux buveurs réguliers, proposera à partir du second semestre 2011 une rubrique destinée aux jeunes. Ces derniers y trouveront « des informations et des conseils spécifiques à leur mode de consommation ». Une brochure intitulée Alcool, plus d’infos pour moins d’intox est quant à elle disponible depuis 2008.

  • Source : Interview du Dr Philippe Arvers, addictologue à Grenoble, 10 septembre 2010 ; LMDE, 2008 ; SMENO, 2007.

Aller à la barre d’outils