L’alcoolisme est une maladie et la passivité, un ennemi!

16 septembre 2010

Notre regard sur l’alcoolisme doit changer. C’est le message principal des organisateurs du congrès mondial d’alcoologie de l’International Society for biomedical Research in Alcoholism (ISBRA ), qui se tient en ce moment à Paris. En France particulièrement, la consommation d’alcool fait partie des moeurs. C’est pourquoi l’alcoolisme est rarement considéré comme une maladie.

« Ce problème considérable est souvent nié, de même que les traitements qui permettent d’en venir à bout » s’inquiète le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre et addictologue à l’hôpital Bichat de Paris, et président de la Société française d’Alcoologie (SFA).

Consommation excessive

La consommation d’alcool est excessive dès lors qu’elle excède 21 verres par semaine pour les hommes, et 14 pour les femmes. Si les Français boivent moins d’alcool dans l’absolu, le nombre de buveurs excessifs lui, est stable. Il se situe toujours entre 1,5 et 2 millions de malades alcoolo-dépendants. Ces excès ont naturellement des conséquences importantes. Ils se traduisent dans les chiffres de mortalité (45 000 décès chaque année sont attribuables à l’alcool), de morbidité et aussi, en termes de dommages sociaux. « Nous ne souhaitons pas une société sans alcool. Mais nous demandons une approche bénéfices-risques cohérente » assure le Pr Michel Reynaud, psychiatre et addictologue à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif.

L’approche médicamenteuse

Il existe des traitements, déjà sur le marché ou en cours d’investigation, pour lutter contre la dépendance à l’alcool. Certains aident à éviter les rechutes (Acamprosate, Naltrexone), d’autres rendent la consommation d’alcool très désagréable (Disulfirame). Le Baclofène est aussi sur le marché mais… contre les contractures musculaires. « Il est prescrit à des posologies très faibles, et demande des doses bien plus fortes pour lutter contre l’alcoolisme. Des effets secondaires sont à craindre, qui n’ont pas été évalués » indique le Pr François Paille, hépatologue au CHU de Nancy. D’autres molécules sont à l’étude. C’est le cas du nalméfène, du topiramate, de la prazosine dont les premiers résultats d’évaluation devraient être disponibles en 2011.

L’accompagnement psychologique

Pourtant, « aucun médicament ne pourra constituer à lui seul, la prise en charge de la dépendance à l’alcool » prévient Michel Lejoyeux. Celle-ci doit forcément intégrer un accompagnement social et psychothérapeutique. Un travail sur l’estime de soi, sur des pistes comportementales et neurobiologiques communes aux différentes addictions est aussi nécessaire.

Pour le président de la SFA, « les médecins généralistes, les urgentistes et le public ne doivent pas avoir une attitude passive. Face à quelqu’un qui boit trop, il faut intervenir. »

En savoir, plus le site Alcool Assistance propose une information générale et des adresses de contacts pour les malades, leurs proches, les professionnels : www.alcoolassistance.net/index.php.

  • Source : ISBRA, 14 septembre 2010, Paris.

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