Poppers : le danger qui monte

04 mars 2011

Rush, Jolt, Locker Room ou Jack Hammer… Commercialisés sous des appellations très diverses, les poppers sont sous étroite surveillance en France. Leurs conséquences sur la santé (cardiaque, respiratoire et même visuelle…) sont loin d’être anodines. La Revue Prescrire relaie ainsi à point nommé une étude réalisée par les Centres Antipoison et de Toxicovigilance français. A point nommé ? Oui, car cette publication intervient alors même que la consommation de ces produits connaît une forte augmentation en France.

De quoi s’agit-il ? Les poppers sont des préparations liquides, volatiles à température ambiante et contenant des nitrites d’amyle en solution dans des solvants. Ces substances produisent des vapeurs d’oxyde nitrique (NO) que les usagers inhalent, à la recherche d’effets euphorisants, désinhibants et sexuellement stimulants. Leur action est très rapide – de l’ordre de 15 secondes – et brève (10-15 minutes).

Sur le plan législatif, la vente de poppers avait d’abord été interdite par un décret de novembre 2007. Ce texte a toutefois été annulé par le Conseil d’Etat, en mai 2009. « L’objet de ce décret (avait été) jugé excessif et disproportionné au regard des risques que représentait la commercialisation de ces produits pour la santé et la sécurité des consommateurs », peut-on lire dans un rapport du Comité de coordination de Toxicovigilance, de septembre 2010.

Des troubles visuels… Depuis quelques mois cependant, les appels à la vigilance concernant les risques liés aux poppers se multiplient. En octobre 2010, une étude réalisée sous l’égide de l’INSERM avait montré que les poppers pouvaient être à l’origine de « pertes visuelles prolongées ». Avec des troubles susceptibles d’être liés à une dégradation des cellules photoréceptrices de la rétine, au centre de la macula.

… mais pas seulement. Dans leur dernière livraison, les rédacteurs de Prescrire relaient les derniers bilans des Centres Antipoison et de Toxicovigilance. Entre 1999 et 2009, ces derniers ont recensé près de 800 cas d’expositions aux poppers, dont 133 qualifiés de « graves ». Cinq décès susceptibles d’être liés à la consommation de ces produits ont même été recensés en France, au cours de la période étudiée.

Les descriptions les plus préoccupantes comprennent notamment des cas de méthémoglobinémie, une affection causée par une réduction de la capacité du sang à transporter l’oxygène. Une des causes les plus courantes en est la consommation de nitrates dans l’eau de boisson. Des cas de cyanose, de coma et des syndromes de détresse respiratoire ont aussi été observés.

En vente libre. Ces constats paraissent d’autant plus inquiétants qu’en France, la consommation de poppers est en nette croissance. En 2008, près d’un jeune sur sept avait expérimenté ces produits, en vente libre dans certaines discothèques, dans les sex-shops et sur Internet bien-sûr. Ils n’étaient que 5,5% dans ce cas en 2005. C’est-à-dire trois fois moins nombreux…

Aller plus loin : rapport du Comité de coordination de Toxicovigilance, remis à l’AFSSaPS (septembre 2010).

  • Source : INSERM, 14 octobre 2010 – AFSSaPS, Bulletin Vigilances n°52, décembre 2010 - Comité de coordination de Toxicovigilance (AFSSaPS), septembre 2010 - La Revue Prescrire, mars 2011, Tome 31, n°329

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