Sécurité vaccinale : le bouillon d’inculture…

18 novembre 2002

Il est notoire que le génie français s’accomode mal de l’apprentissage des langues vivantes. Il est néanmoins surréaliste de lire, sous la plume d’un «expert» judiciaire, que la campagne de vaccination contre l’hépatite B menée par la France en 1994 l’aurait été sans connaissances scientifiques fiables, notamment sur les risques éventuels liés au vaccin!
Voilà un expert qui aurait gagné à prendre quelques cours d’anglais et à lire la presse médicale de référence… Car l’évaluation scientifique des vaccins contre l’hépatite B est abondante et dument validée.

Dès les premiers jours de cette polémique franco-française, l’OMS rappelait la sécurité du vaccin. En octobre 1998 elle a souligné que « plus d’un milliard de doses de vaccin anti-hépatite B ont été utilisées depuis 1981 avec un niveau exceptionnel d’innocuité et d’efficacité. Le vaccin anti-hépatite B est le premier vaccin dirigé contre un cancer humain majeur, les porteurs chroniques du virus (étant) le plus exposés au décès par cirrhose du foie et cancer du foie.(…) Les données scientifiques disponibles ne permettent pas de mettre en évidence une association causale entre la vaccination anti-hépatite B et des affections démyélinisantes du système nerveux central, y compris la sclérose en plaques. »

Pas davantage en France qu’ailleurs, comme le soulignent les anciens ministres Philippe Douste-Blazy et Bernard Kouchner. Ce dernier réclame une véritable expertise scientifique, soulignant que « les expertises judiciaires à ce propos sont (…) entachées de partialité. » C’est peu dire… La France reste le seul pays au monde où des troubles neurologiques aient été imputés au vaccin contre l’hépatite B. Sans validation scientifique, le dernier mot restant à la subjectivité.

Il est terrible de voir les familles faire les frais de pratiques désastreuses et d’une machine judiciaire peu préparée à gérer des données scientifiques, et dotée d’auxiliaires dont l’expertise est pour le moins discutable. Quand l’OMS parle de « pressions énormes exercées par des associations hostiles à la vaccination » en France, les spécialistes eux, sont scandalisés. Parce que l’hépatite B tue. Parce qu’elle donne la cirrhose, provoque le cancer du foie et des hépatites fulminantes qui tuent en quelques jours. A tel point que d’après le service du Pr Bismuth au CHU Henri Mondor de Créteil « 10% des transplantations hépatiques sont consécutives à une atteinte par le virus de l’hépatite B. »

  • Source : OMS/67 1998, OMS-NPP/18 1999

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