Cancers bronchiques : toujours une forte progression parmi les femmes

19 janvier 2022

Le collège des Pneumologues des Hôpitaux généraux (CPHG) sonne l’alarme. Les résultats de l’étude KBP-2020 confirment une « progression exponentielle » du cancer bronchique, parmi la population féminine. En cause, le tabagisme, notamment…

« Si l’on avait déjà vu entre 2000 et 2010 une forte augmentation de ce cancer chez les femmes, ce constat se confirme, et malheureusement au-delà de nos prévisions », lance le Dr Didier Debieuvre, chef du service de pneumologie de l’hôpital E. Muller de Mulhouse et Président du CPHG. Il base son constat sur les derniers résultats de l’étude KBP, enquête épidémiologique en vie réelle, portant sur les cancers bronchiques primitifs. Soit une cohorte de 9 000 patients, dont l’enjeu est de suivre l’évolution de cette maladie en France.

Résultat, celle-ci poursuit sa progression parmi les femmes : en 2000, elles représentaient une malade sur six (16%). Puis une sur quatre (24%) en 2010 et… plus d’une sur trois (34,6%) en 2020 ! Un fléau encore plus lourd parmi les moins de 50 ans avec 40% des nouveaux cas rapportés au sein de cette population. Si le tabagisme constitue bien sûr un « facteur majeur », il n’est pas le seul. Le cannabis est aussi pointé du doigt : un tiers de nouveaux cas parmi les moins de 50 ans sont ou ont été des consommateurs de cette substance en association avec du tabac.

L’impact des thérapies ciblées

 Autre motif d’inquiétude : l’âge moyen du diagnostic augmente, passant de 64 ans en 2010 à 68 ans en 2020. Les médecins mettent aussi l’accent sur des stades « toujours trop avancés », ce qui soulève « une nouvelle fois », la question de l’intérêt d’un dépistage organisé systématique. « Cela permettrait pourtant de diagnostiquer à des stades plus précoces et d’optimiser les chances de guérison », insiste le Dr Debieuvre.

En attendant, la place de la biologie moléculaire à travers notamment la recherche de mutations – et donc l’accès  à des thérapeutiques ciblées – se généralise puisque 88% des patients en ont bénéficié. Et le médecin de conclure, en amont du 26e Congrès de pneumologie en langue française organisé à Lille (21-23 janvier) : « Ce que l’on espère, au vu des progrès thérapeutiques offerts par l’immunothérapie et les thérapies ciblées, c’est de constater des données de survie à 5 ans qui seront nettement supérieures à celles de 2010. Reste un gros bémol : le fait d’avoir toujours 60% de patients métastatiques au diagnostic. »

  • Source : 26e Congrès de pneumologie en langue française, Lille, 21-23 janvier 2022

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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