Economies de santé : Jean-François Mattei élève le ton…

17 mars 2004
" L'économie ne prime pas sur la qualité des soins ". En ouverture des deuxièmes Assises de la Qualité en Santé au Médec, Jean-François Mattei a jugé utile d'effectuer quelques mises au point sur son action comme ministre. Avec conviction et fermeté. " Depuis quelque temps, toutes les décisions prises au ministère de la santé sont interprétées en terme de recherche d'économies " a expliqué le ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées. " Je vous l'assure avec force, ce n'est pas le cas. Notre objectif premier est toujours d'assurer la sécurité et la qualité des soins ". La voix posée, le ton ferme, il a rebondi avec autorité sur une question de l'auditoire concernant les regroupements d'établissements hospitaliers, et leurs éventuelles conséquences économiques et sociales. " Lorsque nous rapprochons deux établissements, notre objectif prioritaire est d'assurer la qualité des soins. Pas de faire des économies. Si nous remplaçons deux maternités dont l'activité est insuffisante pour recruter des personnels qualifiés en nombre suffisant, c'est pour lui en substituer une seule, dont le volume de travail permettra de recruter suffisamment d'équipes de qualité. Même chose lorsque nous déremboursons des molécules. Je vous rappelle que la Commission de transparence n'est pas la Commission des économies de santé ". Une conviction forte, qui a en retour clairement emporté la conviction de son auditoire... - Pour écouter l'intervention de Jean-François Mattei, cliquez ici HERPES: PRES DE 2 MILLIONS DE MALADES EN FRANCE... L'herpès, c'est un virus tue-l'amour, très contagieux et qui s'attrape pour la vie ! Il est pourtant souvent négligé. Impensable non ? Une bonne occasion, avec le Médec qui vient d'ouvrir à Paris, de rappeler que cette maladie peut se prévenir ! Car aujourd'hui, plus de 2 millions de Français souffrent d'herpès génital. Une infection sexuellement transmissible (IST) extrêmement contagieuse, et en constante progression : 400 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c'est que 60% des porteurs du virus seraient, aujourd'hui encore, indétectés ! Pour s'en défendre, il faut déjà le connaître. Petite leçon de choses... Comment reconnaître l'infection? L'herpès génital évolue par poussées douloureuses. Elles entraînent des sensations de picotements, de brûlures, qui sont localisées aux organes génitaux, au pubis, aux fesses ou aux cuisses. Chez la femme, c'est d'abord une rougeur au niveau de la vulve, suivie par l'apparition de petites cloques douloureuses. Quand elles se rompent - ce qui se produit rapidement - elles provoquent des plaies qui, exposées à vif, sont souvent terriblement douloureuses. Il y a aussi des pertes vaginales. Chez l'homme, les lésions sont généralement plus discrètes, mais également très localisées : sur le prépuce, le pénis, les testicules et les zones avoisinantes. Comment le virus s'attrape-t-il ? Typiquement, il se transmet par un rapport sexuel - avec ou sans pénétration - avec une personne en cours de poussée herpétique. La contamination peut se faire par contact direct avec les lésions, mais aussi par l'intermédiaire de secrétions génitales contaminées. Ou par les doigts, qui peuvent avoir été en contact avec le virus à l'occasion d'attouchements durant les préliminaires. Mais ce n'est pas toujours si évident : la personne infectée peut ne pas être en poussée ; elle peut ne pas se souvenir de sa première crise, et ainsi transmettre le virus sans crier gare... Et surtout en parfaite ignorance. La meilleure protection, c'est le préservatif. Pensez-y avant : car une fois attrapé, le virus herpétique ne disparaîtra jamais ! Les médicaments sont efficaces, certes. Mais ils ne servent qu'à enrayer les poussées. Pas à éradiquer le virus. ARRET DU THS: QUELLE ALTERNATIVE CONTRE L'OSTEOPOROSE? Non sans consulter votre médecin, vous avez arrêté votre traitement hormonal substitutif (THS). Que faire maintenant, pour prévenir la perte osseuse? Existe t-il d'autre alternative au THS, qui jusqu'à présent était considéré comme une référence dans ce domaine ? Pour vous donc, le THS c'est fini. Vous faites partie de ces femmes pour lesquelles les risques de cancer du sein étaient trop importants pour justifier le poursuite de ce traitement. Pour autant, vous êtes inquiète. A juste titre d'ailleurs, car l'ostéoporose est une maladie grave. A partir de 55 ans, un tiers des patientes victimes d'une fracture due à l'ostéoporose décède dans l'année qui suit. C'est effrayant ! En ligne de mire, les femmes de petits poids, qui fument, et ne font aucun exercice physique. L'ostéoporose, c'est le seul véritable problème de la ménopause. C'est aussi le seul qui, sans exception, touche pratiquement toutes les femmes après la ménopause... A des degrés plus ou moins sévères en effet, peu de femmes sont épargnées. Et il faut agir vite, car c'est dès les premiers mois d'arrêt du THS, que la perte osseuse est la plus importante. Or à ce jour, comme nous l'explique le Pr Patrick Gepner, rhumatologue à Suresnes près de Paris, un seul type de médicament possède des effets protecteurs scientifiquement démontrés contre les risques de fractures. " La classe des biphosphonates, qui permettent d'interrompre la perte osseuse, mais également de regagner de la masse osseuse pour se mettre à l'abri du risque de fracture ". D'ailleurs, une étude récente a révélé que ces molécules - qui ne sont pas d'origine hormonale - sont capables de prévenir la perte osseuse. Mieux, elles augmentent également la densité minérale osseuse de la colonne vertébrale et de la hanche. Et cela même chez les femmes ménopausées qui ont arrêté leur THS. Des résultats pour l'heure uniques, qui distinguent les biphosphonates des autres traitements - tels que les SERMS - dont les vertus sont loin d'être reconnues sur ce point. LE PATIENT NOUVEAU EST ARRIVE... Et il est pressé ! Pressé d'en savoir toujours plus sur sa santé et sa maladie. A l'occasion du Médec, les professionnels de santé s'accordent tous pour mettre en avant l'émergence d'un " nouveau patient " : plus exigeant, plus instruit, plus actif ! D'après des sondages récents, trois médecins sur quatre sont en phase avec cette définition. Parallèlement à cette évolution du patient, " la médecine est devenue plus technique qu'humaniste " explique le Dr Michel Ducloux, Président du Conseil national de l'Ordre des Médecins. " Avec le développement technologique, nous avons eu tendance à oublier le malade au profit de la maladie. En conséquence un malaise, une incompréhension se sont installées entre le patient et son médecin ". Au cours de ces dernières années, les " docteurs " - qui sont étymologiquement ceux qui détiennent le savoir - ont progressivement observé une " désacralisation " de leur statut. Néanmoins, " les malades maintiennent leur confiance à leur médecin. Ils le considèrent toujours comme le meilleur allié de la prévention ". De son côté Pierre Lascoume, Président du Collectif inter-associatif pour la santé confirme l'avis des professionnels de santé. Il tient toutefois à signaler que " le patient ne recherche pas forcément un médecin qui a réponse à tout. Mais quelqu'un qui doit être capable de lui faire part de ses réflexions comme de ses interrogations ". Pour Jacqueline Girona, secrétaire générale du Conseil de l'Ordre des Sages-femmes, " le patient est passé en quelques années du stade passif à la revendication. A l'avenir, nous devrons trouver un équilibre ". La relation médecin/patient, donc la qualité des soins en dépendent... DEPRESSION: MIEUX L'IDENTIFIER, MIEUX LA TRAITER Problèmes de sommeil, troubles du comportement alimentaire, fatigue inexpliquée et prolongée... La dépression est une maladie fréquente. Elle est aussi trop souvent mal diagnostiquée, donc mal soignée. Pourtant, elle touche de 5% à 15% de la population. " Seuls 17% des déprimés sont correctement pris en charge, alors que la maladie est relativement facile à traiter ", dénonce le Pr Fréderic Rouillon (CHU Créteil). D'où vient le malaise ? Une enquête menée auprès de médecins généralistes et qui porte le doux nom d'ORPHEE - a récemment été lancée. Objectif : identifier ce qui pouvait être amélioré dans la prise en charge des déprimés. " Les résultats ont montré que le médecin a une opinion parfois erronée de la maladie. Et aussi de son devenir après traitement ", observe le Pr Philippe Nuss (CHU, Saint Antoine, Paris). En clair, il a des idées préconçues et parfois, il n'arrive pas vraiment à discerner les patients atteints d'une simple tristesse, des déprimés vrais. Ainsi, le médecin a quelquefois tendance à penser qu'un événement traumatisant - un licenciement, un divorce ou le décès d'un proche - est un facteur de dépression peu susceptible de céder au traitement. Avec donc un risque de dépression résistante... " Or c'est la vulnérabilité du patient qui est un élément clé, bien plus important que l'événement en lui-même ", a expliqué le Pr Maurice Ferreri (CHU Saint Antoine de Paris). Le vécu personnel du patient, donc. En revanche l'anxiété, les troubles de la personnalité ainsi que les addictions diverses - alcool ou autres toxiques - sont souvent retrouvés chez les patients en échec de traitement. Mais sur ce point, les médecins généralistes ne sont pas dupes. Ils savent aussi, que l'ancienneté de la maladie est essentielle. Une évidence: plus un patient attend pour demander de l'aide, plus il aura du mal à s'en sortir. Résultat d'une expérience vécue par de nombreux cliniciens. La dépression, il faut en parler. Sans attendre.
Aller à la barre d’outils