Les enfants ne sont pas des adultes en miniature !

07 novembre 2007
« Aucune violence à l’encontre des enfants ne peut se justifier ». C’est par ces mots que débute le rapport sur les violences perpétrées à l’égard des enfants dans le monde, publié l’an dernier par le Secrétariat général des Nations-Unies. Les faits et les chiffres sont effrayants, et nous avons aujourd’hui l’occasion de les rappeler. Le 19 novembre, en effet, marquera la Journée mondiale de prévention des abus envers les enfants. Et le lendemain 20 novembre, ce sera la 18ème anniversaire de la Convention des Droits de l’Enfant. Autant dire qu’un rappel s’impose ! Ce rapport est le premier document qui offre véritablement une vue générale de l’ampleur de la violence contre les enfants. Et cela, partout dans le monde. Car cette forme de violence existe dans tous les pays quels qu’en soient la culture, l’éducation, le revenu ou la composition ethnique. Qu’elle soit physique ou psychologique, qu’elle se traduise par des discriminations, de la négligence, des mauvais traitements… la violence envers les enfants prend des formes diverses. Quelques chiffres : chaque année dans le monde, plus de 50 000 enfants et adolescents meurent, victimes d’un homicide. Et 6 millions sont contraints à des travaux forcés ou à la servitude pour dette ! Ce n’est pas tout. D’après l’OMS, en 2002, plus de 150 millions de filles et 73 millions de garçons de moins de 18 ans auraient subi un rapport sexuel imposé. Soit plus de 200 millions de mineurs. L’équivalent de la population d’un pays comme l’Indonésie ! Le rapport de l’ONU mentionne aussi en vrac, les châtiments corporels subis à l’école, l’usage de lanières et autres instruments à la maison ou en classe. Mais aussi les guerre des gangs, les infanticides, sans oublier les mutilations sexuelles génitales. Elles frappent encore 3 millions de femmes et de filles chaque année dans le monde. Elles sont présentes dans près d’une trentaine de pays africains mais aussi quelques États du Golfe : Arabie saoudite, Yémen et Émirat d’Oman. Dans 80% des cas, il s’agit d’une excision du clitoris ou des petites lèvres. Mais la forme la plus effroyable demeure l’infibulation qui consiste à faire passer un objet à travers les petites lèvres ou les grandes lèvres pour empêcher les rapports sexuels. Au-delà des souffrances endurées, ces mutilations exposent les jeunes femmes et leurs enfants à naître à de graves complications lors de l’accouchement. Une étude publiée en 2006 et réalisée au Burkina Faso, au Ghana, au Kenya, au Nigeria, au Sénégal et au Soudan montre une augmentation de 30% du risque de césarienne. Et de 70% de celui associée aux hémorragies. A l’occasion de la Journée mondiale de prévention des abus envers les enfants, les organisateurs insistent particulièrement sur la violence sexuelle. Et notamment ses conséquences sur la santé et le développement des enfants. A court comme à long terme, elles sont souvent graves. D’après plusieurs études publiées sur le sujet, un enfant victime d’un pervers sexuel éprouve d’abord des perturbations dans la manière dont il se voit. Et dans la façon dont il perçoit le monde qui l’entoure. Cette violence peut donc entraîner une plus grande prédisposition à des troubles sociaux, émotionnels et cognitifs, c’est-à-dire liés aux apprentissages. Honte et culpabilité sont également des sentiments qui l’habitent. Il peut perdre l’envie de s’amuser, d’apprendre. De vivre tout simplement. Un enfant qui a subi des violences sexuelles serait donc particulièrement exposé à des tentatives de suicide. C’est en effet ce qu’a montré un travail publié l’an passé par les Centers For Disease Control et Prevention (CDC) d’Atlanta. Il adopterait aussi davantage de comportements à risque pour sa santé : tabagisme, sédentarité, mais aussi et surtout abus d’alcool et de drogues. Et serait donc plus exposé que d’autres à des maladies du poumon, du cœur et du foie. Au-delà des violences, 1 million de mineurs serait aussi enrôlé chaque année dans le commerce du sexe. Outre les répercussions sur la santé physique et mentale, cette exploitation est également considérée comme un vecteur de propagation du VIH-SIDA. L’association Droits de l’Enfant rappelle ainsi que les jeunes sont par nature plus vulnérables aux lésions et aux infections. Sans compter qu’ils sont rarement en mesure d’exiger des rapports protégés ou de repousser un agresseur violent. Autant de répercussions gravissimes qui font dire à l’auteur du rapport, que « la protection des enfants contre la violence est une question urgente ». Aujourd’hui, 192 États ont ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant. Des progrès ont donc été accomplis dans de nombreux pays. Mais les Nations-Unies appellent tous les États à accentuer les efforts de prévention. Avec des politiques qui doivent s’attaquer aux facteurs de risque immédiats. Le rapport en cite quelques-uns : « l’absence de lien affectif parental, l’éclatement de la cellule familiale, l’abus d’alcool ou de drogues et l’accès à des armes à feu ». Pour les Nations-Unies, cette journée est plus que jamais l’occasion de briser un peu plus le mur du silence. Comme le souligne l’auteur du rapport, « la protection des enfants contre la violence est une question urgente. Cela fait des siècles que les enfants subissent la violence des adultes sans qu’on la voit, ni en parle. Nous avons le devoir de veiller à ce que les enfants exercent leur droit de vivre, à l’abri de la violence ». Pour en savoir davantage sur ces deux journées et plus particulièrement sur le 18ème anniversaire de la Convention des Droit de l’Enfant, rendez-vous sur www.unicef.fr. Et pour téléchargez le rapport du secrétariat général des Nations-Unis, cliquez ici.
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