Ebola : un vaccin boosté ?

21 janvier 2015

La France est très impliquée dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola. Dans le domaine des vaccins, l’INSERM dirigera la phase II des essais sur le candidat développé par Johnson&Johnson. Un des trois actuellement en cours d’évaluation dans le monde. Il est administré en deux doses composées chacune de vecteurs différents, dans l’espoir d’obtenir une meilleure immunisation contre le virus. Le Pr Yves Lévy, P.D.G. de l’INSERM, donne des éléments sur son action.

Trois candidats-vaccins contre le virus Ebola subissent actuellement le parcours de mise à l’épreuve obligatoire pour tout nouveau médicament. L’un a été développé par la société britannique GSK, un deuxième par l’américaine NewLink Genetics. Le dernier, mis au point par Johnson&Johnson n’en est qu’à la phase I de son évaluation. Toutefois, il propose une stratégie toute différente. « Appelée prime boost, il associe deux injections », indique Yves Lévy. « La première – le prime – a pour but d’induire une réponse immunitaire et la seconde – le boost -de renforcer cette réponse ou de l’étendre. »

« C’est la combinaison de ces deux vaccins qui a montré des résultats intéressants », poursuit-il. Chaque dose est en effet composée d’éléments différents. Le premier est un dérivé de l’adénovirus 26 (Ad26.ZEBOV). Il contient des antigènes d’Ebola et déclenche la réponse immunitaire. Le second est lui, dérivé de la vaccine. Appelé MVA-BN-Filo, il contient les mêmes antigènes d’Ebola que le prime ainsi que d’autres antigènes du virus. Cette stratégie en deux doses à deux ou trois mois d’intervalle devrait renforcer et étendre la réponse immunitaire. Mais c’est justement cela que l’essai clinique doit établir », souligne Yves Lévy.

Anticorps ou lymphocytes T ?

« On suppose que cette stratégie vaccinale va déclencher des réponses de type anticorps, une des armes du système immunitaire », souligne le Pr Lévy. Toutefois, « ce n’est pas clair. » Quelle réponse immunitaire sera-t-il nécessaire d’atteindre pour être bien protégé ? Une fois que des personnes seront vaccinées, combien d’entre elles seront immunisées et pour combien de temps ? Faudra-t-il un rappel ? « Toutes ces questions se posent à chaque évaluation de vaccin. Pour Ebola c’est pareil, même si nous sommes dans une situation d’urgence », note-t-il.

L’INSERM conduira les essais de phase II en Europe et en Afrique sous la coordination du Pr Rodolphe Thiébaut. Ces travaux, qui devraient débuter en mai ou juin 2015, évalueront la tolérance et la qualité de la réponse immunitaire de la stratégie. Ils compléteront les essais de phase I actuellement en cours.

En Afrique de l’Ouest, l’épidémie semble pour la première fois marquer le pas depuis plus d’un an. Au Mali, la fin de la flambée a été annoncée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Selon les derniers chiffres officiels, le virus a touché 21 373 personnes et tué 8 468 d’entre elles.

  • Source : interview du Pr Yves Lévy, P.–D.G. de l’INSERM, 20 janvier 2015 - INSERM, 16 janvier 2015 - OMS, consulté le 20 janvier 2015

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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