Le stress du Covid-19, ennemi de l’ovulation

22 juin 2022

Le stress généré par la crise sanitaire serait-il à l’origine de perturbations de l’ovulation ? Selon des scientifiques canadiens, la réponse est oui. Et ce chez des femmes n’ayant pas forcément repéré de perturbations de leurs cycles menstruels.

Les changements du quotidien, et notamment les situations génératrices de stress, peuvent perturber les sécrétions hormonales chez les femmes, au point de perturber le mécanisme indispensable à une potentielle fécondation : la libération mensuelle d’un ovule. Des hauts niveaux de cortisol, hormone du stress, peuvent ainsi diminuer les chances de grossesse, ont notamment expliqué des scientifiques dans une étude publiée dans la revue Human Reproduction.

Le Covid-19 sur le banc des accusés

Quels ont été les effets de la crise sanitaire à ce sujet ? Pour répondre à cette question, des chercheurs canadiens de l’Université de Colombie Britannique (Vancouver) ont analysé deux études. La première a été menée de 2006 à 2008 auprès de 301 femmes ; la seconde s’est penchée sur le cas de 112 femmes pendant la crise du Covid-19.

Ces deux études concernaient des femmes âgées de 19 à 35 ans, et donc globalement dans la fenêtre de procréation. Aucune d’entre elles ne prenaient de contraceptifs hormonaux. La méthode était commune : interroger les femmes sur leurs habitudes de vie et la régularité de leurs cycles menstruels. Chacune devait tenir un journal de bord pour rapporter l’arrivée et la durée de leurs règles.

Dans la première étude, l’ovulation était repérée à l’aide d’une simple mesure de la température corporelle*, puis confirmée à l’aide d’un test salivaire permettant de doser la concentration en progestérone, hormone impliquée dans le déclenchement de l’ovulation. Dans la seconde étude, le niveau de progestérone était évalué par des analyses urinaires.

Deux tiers des femmes concernées

Résultat : 66% des femmes suivies pendant le Covid-19 présentaient des troubles de l’ovulation, contre 10% hors crise sanitaire. « Les phases lutéales, les 15 jours suivant l’ovulation, étaient globalement raccourcies, ce qui ne laissait pas assez de temps à l’ovule d’être fécondé même s’il était libéré », décrit la Pr Jerilynn C. Prior, principale autrice de ce travail. Et dans certains cas, « l’ovulation n’avait pas du tout lieu : on parle alors d’anovulation ». En cause, un abaissement du niveau de progestérone.

* La température corporelle s’élève dans les 24 heures suivant l’ovulation

  • Source : Endocrine Society’s reproductive health, le 12 juin 2022

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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