L’urinothérapie : une « auto-intoxication »

18 janvier 2017

Boire sa propre urine pour être en meilleure santé, ou même pour se soigner. Voici ce que promettent les défenseurs de cette pratique peu ragoûtante. Pourtant, c’est tout le contraire. Aucune preuve de ses bienfaits n’a jusqu’à présent pu être avancée. Pire, boire ce liquide organique peut entraîner des troubles sévères. 

« L’urinothérapie consiste en l’application ou en l’absorption d’urine. Amaroli est le nom « poétique » d’une technique de santé qui consiste à recycler son urine en la buvant », explique la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

La conception ancienne qualifiant l’urine d’ « or du sang » ou d’ « élixir de longue vie » estime qu’il s’agit d’un produit distillé et riche en principes actifs bénéfiques. Pourtant, cette pratique n’est basée sur aucune preuve scientifique. Pire, elle expose à des problèmes de santé. « Boire son urine consiste en réalité à ré-ingérer les produits toxiques qui ont été évacués car ils étaient en excès dans l’organisme », explique le Pr Christian Combe, néphrologue et Président de la Société Francophone de Néphrologie Dialyse Transplantation. « L’acide urique par exemple, à l’origine de la goutte, ou encore toutes les toxines urémiques ». Il s’agit « tout simplement d’une auto-intoxication », assure-t-il.

Autre argument pour déconseiller fortement cette pratique : la stabilité de la composition du corps. En effet, l’urine a aussi pour rôle d’assurer celle-ci. « Si on a bu beaucoup, on urine beaucoup. En cas de déshydratation, on urine moins. La quantité de sel absorbée quotidiennement est elle aussi évacuée par les urines. La ré-ingérer peut mener à un excès de sel », souligne le Pr Combe.

Des conséquences sur la santé

Que peut-on redouter concrètement d’une telle pratique ? « Il suffit d’observer les conséquences d’un dérèglement de l’élimination des toxines par l’organisme chez les insuffisants rénaux », explique-t-il. Ces malades souffrent de multiples troubles : osseux, cardiovasculaires et d’alimentation (anorexie, dénutrition…). « Pratiquer régulièrement l’urinothérapie peut mener à développer les mêmes troubles. » Cette pratique est donc clairement à déconseiller.

  • Source : Interview du Pr Christian Combe, Président de la Société Francophone de Néphrologie Dialyse Transplantation – Miviludes, consulté le 2 janvier 2017

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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