Muscler la lutte contre les maladies du coeur

29 septembre 2016

Les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité dans le monde. Et chaque jour en France, 575 patients décèdent d’un infarctus du myocarde. De l’hygiène de vie au développement de thérapeutiques, la prévention et le soin contre les maladies du cœur ont encore du chemin à faire. Les précisions du Pr Michel Komajda, cardiologue et président de la fondation Cœur et recherche, à l’occasion de la Journée mondiale du cœur organisée ce 29 septembre.

Certes la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires a diminué de moitié en vingt ans. Mais « loin d’être éradiquées, ces pathologies chroniques constituent aujourd’hui la première cause d’hospitalisation », explique le Pr Komajda. Pour faire reculer ce fléau, la recherche se concentre principalement sur la lutte contre les deux maladies cardiovasculaires les plus fréquentes :

  • L’insuffisance cardiaque. « Chaque jour, 575 patients sont hospitalisés pour insuffisance cardiaque ». Soient 175 000 par an. Les traitements les plus connus sont les inhibiteurs de l’ECA ou les bétabloquants. Mais ces derniers ne sont pas efficaces dans la prise en charge de tous les profils cardiaques. En effet « nous comprenons de mieux en mieux les troubles de la contraction ». Pour autant, « le mécanisme de rigidification du cœur associée à l’insuffisance cardiaque est encore mal connu ». Actuellement des scientifiques suivent 3 670 patients regroupés à travers 223 unités de soins intensifs de France. Tous ont été hospitalisés pour un infarctus aigu. La question, évaluer l’origine des dommages tissulaires. A ce jour la piste à l’étude est celle de « la mort des cellules cardiaques liée à l’occlusion du vaisseau coronaire et donc du manque d’oxygène » ;
  • La fibrillation auriculaire (FA). Au total, 500 000 Français souffrent de cette pathologie aussi appelée arythmie. Caractérisée par des contractions cardiaques aléatoires, elle favorise la formation de caillots sanguins, facteur de risque d’embolie et d’accident vasculaire cérébral (AVC). Augmentant avec l’âge, le risque de FA touche fréquemment les sujets diabétiques et/ou atteints d’hypertension artérielle. La priorité aujourd’hui, « comprendre les facteurs déclenchant les troubles du rythme cardiaque dans l’oreillette gauche ». De récentes études ont localisé l’origine de ces arythmies au niveau des veines pulmonaires. Des travaux se penchent aujourd’hui sur la mise au point « de traitements basés sur l’exclusion ou la destruction par thermoablation (hyperthermie employée dans l’élimination des zones responsables) ».

De la prévention à l’économie

Autre priorité, « renforcer la prévention faite contre la mort subite chez les jeunes en lien direct avec le diagnostic d’une maladie congénitale ». Toutes maladies du cœur confondues, l’hygiène de vie (stress, pollution, tabagisme, nutrition…) constitue un pilier essentiel dans la protection cardiovasculaire. A terme, miser sur la prévention et la recherche va limiter le risque d’accidents, et de pathologies ainsi que la durée des séjours hospitaliers.

« En plus d’améliorer la qualité de vie des personnes cardiaques et leur pronostic vital, cette prévention va donc générer des économies sur le long terme », note le Pr Komajda. A noter qu’aujourd’hui les dépenses liées à ces hospitalisations sont en effet évaluées à 11 milliards d’euros. Et « 30% des patients pris en charge pour une insuffisance cardiaque sont ré-hospitalisés une à deux fois dans l’année suivant le premier incident ».

  • Source : Interview du Pr Michel Komajda, professeur de cardiologie et président de la fondation Cœur et recherche, le 26 septembre 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon

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