Peur : le sens de l’odorat le plus tenace ?

29 novembre 2021

Quoi de plus pérenne comme souvenirs que celui de vos peurs les plus profondes ? Cette émotion s’accroche si fort à notre mémoire que des chercheurs du CNRS se sont interrogés sur l’évolution des réseaux neuronaux sièges de la peur. Et l’odorat semble y être le sens le plus résistant.

Il suffit d’avoir vécu une situation traumatisante pour réaliser à quel point la peur peut rester vive pendant plusieurs années. L’actualité sur le procès des attentats du 13 novembre en constitue une triste illustration. A lire les témoignages des survivants, aucun doute sur la ténacité de cette émotion.

« Tous les indices sensoriels (les sons, les odeurs, les images…) liés à ce terrible traumatisme sont gravés dans leur mémoire et peuvent resurgir des années après, avec beaucoup de force et de précision », décrivent à ce sujet des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), auteurs d’une étude sur le sujet. « Ces souvenirs ont laissé une trace indélébile dans leur cerveau. »

Mais que se passe-t-il, au fil du temps, dans les réseaux du cerveau impliqués dans ces ressentis ? Comment évoluent-ils dans le temps ? Ces connexions se réorganisent-elles ?

Au cœur du cortex olfactif

Pour le savoir, les chercheurs ont utilisé une méthode d’imagerie cérébrale chez le rat. La technique employée ? Exposer le rongeur à « une odeur qui précède l’arrivée d’un stimulus apeurant». Seconde étape, se servir de « l’imagerie fonctionnelle non invasive (…) pour (…) comparer sur les mêmes animaux les réseaux activés en réponse au rappel d’une mémoire de peur récente à ceux d’une mémoire ancienne ».

Résultat, « après quelques essais de ce type, le rat montre une réponse de peur à l’odeur, même en l’absence du stimulus aversif ». Les réseaux stimulés diffèrent en fonction de l’ancienneté du souvenir. « Le réseau activé par le rappel d’une mémoire de peur récente est constitué de nombreuses aires allant du cortex préfrontal au cervelet en passant par l’amygdale, celui activé par une mémoire de peur ancienne n’inclut qu’une seule structure : le cortex olfactif. » C’est pourquoi la mémoire olfactive peut vous sembler très incrustée dans vos souvenirs traumatisants, même les plus lointains.

  • Source : Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Cerebral Cortex 20 octobre 2021. https://doi.org/10.1093/cercor/bhab376

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche

Aller à la barre d’outils