Prostitution : des pistes contre la vulnérabilité

11 avril 2016

Ce lundi 11 avril, la Haute autorité de Santé (HAS) publie un rapport sur la situation des prostitué(e)s en France. Un document remis 5 jours après le « oui » des députés en faveur de la pénalisation des clients. Entre précarité, discrimination et clandestinité, quels facteurs de risque fragilisent les travailleurs du sexe (TDS) ? Comment améliorer leur quotidien ?

Le risque d’infections sexuellement transmissibles (IST) est majoré chez les personnes en situation de prostitution, peut-on lire dans le rapport de la HAS. Commandé par la Direction générale de la Santé, ce dernier arrive trois mois après la publication d’un premier document sur le sujet.

Cette élévation du risque d’IST n’est pas liée à la prostitution elle-même. Elle résulte en fait d’une association avec « d’autres facteurs de vulnérabilité psychologique, (…) sociale, économique ou administrative ». Ainsi un travailleur du sexe sera plus à même d’accepter un rapport non protégé faute de choix, moins au fait des démarches à entreprendre pour bénéficier d’une couverture maladie, d’un accès au logement et peu informé sur la notion de suivi médical.

Du « mieux » en ligne de mire ?

Selon la HAS, les autorités auraient tout à gagner à construire leurs actions autour d’une politique de réduction des risques (RdR). Concrètement, éloigner au maximum les travailleurs du sexe de la précarité physique et morale en renforçant la prévention et le dépistage :

  • Etendre l’action des associations et des professionnels de santé sur le terrain: distribuer davantage de préservatifs (…)  pour limiter le risque de contamination par voie sexuelle, prévenir les violences (injures, menaces…) touchant couramment des femmes qui n’osent pas porter plainte ni même consulter un médecin. Autre point, informer sur les risques liés aux IST encore mal connus en diffusant des messages « adaptés sur les moyens de prévention de ces infections, leur dépistage et sur les parcours de soins recommandés en cas d’atteinte » ;
  • Maintenir les campagnes de vaccination: à ce jour, le taux d’immunisation contre les hépatites virales B et C des personnes en situation de prostitution est supérieur à la population générale ;
  • Réduire l’usage de substances addictogènes comme le tabac et le cannabis qui – contrairement à l’alcool – sont davantage consommées par les travailleurs du sexe comparés à la moyenne française. « En effet, 46% des femmes, 65% des hommes et 51% des transgenres en situation de prostitution/TDS sont fumeurs de tabac ». Contre 24% tous sexes confondus dans la population générale. Au sujet des drogues dures, les données sont plus rares. Mais la consommation de substances de synthèse dans le cadre des rapports sexuels existe bien. Un fléau «  à l’origine d’importantes prises de risque » sur lequel les travailleurs du sexe doivent aussi recevoir plus d’informations.

Que dit la loi ?

Le 6 avril 2016, l’Assemblée nationale s’est prononcée en faveur de la pénalisation des clients.  Un pas en avant dans la lutte menée contre l’isolement des travailleurs du sexe. « Selon une étude européenne menée par la London School of Hygiene and Tropical Medicine, le fait d’exercer la prostitution sous la contrainte et d’être victime d’un réseau de traite des êtres humains expose les personnes à des risques sanitaires extrêmement élevés », rappelle la HAS à ce sujet. Exemple, l’isolement incite « certains clients à obtenir des rapports sexuels (…) en dehors de la prostitution (« girl friend experience »), c’est-à-dire sans préservatif ».

A noter : la Haute autorité de Santé (HAS) incite aussi les politiques à mettre en place des outils de surveillance en aval des avancées législatives pour évaluer leur impact sur les moyens et longs termes.

  • Source : Haute autorité de Santé (HAS), le 11 avril 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault : Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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