Suicide en Europe : la France très concernée

09 septembre 2016

Chaque année entre 10 000 et 11 000 personnes mettent fin à leurs jours en France. Et environ 80 000 personnes sont hospitalisées à la suite d’une tentative de suicide. A l’occasion de la 15e Journée mondiale de prévention du suicide ce 10 septembre, la Fondation Jean Jaurès publie la première enquête européenne comparative concernant les pensées suicidaires déclarées dans quatre pays européens : Allemagne, Espagne, France et Italie. Parmi eux, l’Hexagone fait figure de mauvais élève.

L’enquête de la Fondation Jean Jaurès montre que la France est particulièrement concernée par le suicide. La preuve : le nombre de décès liés à cet acte pour 100 000 personnes. En 2013, ce chiffre était de 15,47 pour la France, contre 11,79 pour l’Allemagne, 8,14 pour l’Espagne et 6,64 pour l’Italie.

Et en matière de pensées suicidaires, les Français sont également en tête. « Ils se distinguent des autres qui sont sensiblement moins nombreux à faire part de telles intentions », précise la Fondation. « Les Italiens sont les moins concernés par ces pensées. Ils sont 80% à déclarer n’avoir jamais envisagé le suicide contre 61% chez les Français, soit un écart de près de 20 points entre ces deux pays. » Quant aux Allemands et aux Espagnols, ils se situent à des niveaux comparables : 72% et 70% déclarent n’avoir jamais pensé au suicide.

Concernant les tentatives de suicide, « 5% des Français déclarent être passés à l’acte ». Contre 4% des Allemands et 2% des Espagnols et des Italiens.

Les jeunes sont particulièrement concernés. « En France, les moins de 35 ans déclarent à 24% une intention réelle de se suicider, alors que c’est le cas pour 19% seulement des plus de 35 ans ».

Des facteurs de risque

Certains facteurs augmentent clairement le risque de se suicider ou d’en avoir l’intention. Ainsi, dans trois pays sur quatre, le fait d’être au chômage amplifie les pensées suicidaires. « Les situations de stress ou d’épuisement rencontrées par les actifs constituent également des facteurs aggravants, mais dans des proportions moins marquées ». En France, cette réalité est plus prégnante. « Près de 40% des actifs Français connaissant un état de stress majeur ou d’épuisement au travail déclarent avoir déjà eu de réelles pensées suicidaires.

Différences entre les sexes

Les femmes et les hommes ne sont pas égaux face au suicide. « Le taux de mortalité par suicide est plus élevé chez les hommes mais ce sont les femmes qui font le plus de tentatives », note la Fondation. En France, 23% des femmes interrogées déclarent avoir déjà pensé sérieusement au suicide contre 17% des hommes. « De la même manière, mais moins marquée, on retrouve cette différence chez les Allemands (18% des femmes contre 14% des hommes) et les Espagnols (17% contre 13%) », indique la Fondation. « Mais elle est absente chez les Italiens. »

« Bien que le suicide reste par essence même un acte individuel, il faut considérer que ce passage à l’acte (et même sa seule tentative) éprouve et impacte l’entourage proche », souligne la Fondation Jean Jaurès. « Au-delà de la dimension personnelle du fait suicidaire, le délitement social et des relations de travail ainsi que le chômage ont des effets très délétères sur les pensées suicidaires », poursuit-elle. « La prévention du suicide ne peut pas avoir qu’une réponse médicale individualisée, c’est la société tout entière qui doit se sentir concernée. »

  • Source : Fondation Jean Jaurès, 8 septembre 2016

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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