Thermalisme : quelle efficacité ?

23 mai 2016

Vieux comme le monde, le recours aux eaux de source à des fins médicales a longtemps souffert de son empirisme. Depuis plusieurs années, le thermalisme fait toutefois l’objet de nombreuses études scientifiques. Pour des bienfaits de mieux en mieux évalués.

Définition. Selon le dictionnaire médical de l’Académie de médecine, le thermalisme correspond à l’« utilisation, sur place ou par adduction directe, pour le traitement interne ou externe de malades, d’eaux minérales naturelles, chaudes ou non, comme aussi de produits dérivés (boues ou gaz), à propriétés thérapeutiques démontrées ».

Quelle évaluation. Le Pr Christian-François Roques est le président du Comité scientifique de l’Association Française pour la Recherche Thermale (AFRETh). Créée en 2004, cette structure contribue au financement des études sur le sujet. Et il a fait les comptes : « au cours des 25 dernières années, 163 articles ont été publiés. Nous bénéficions donc de plus en plus de données consistantes, grâce notamment aux travaux réalisés en France. Ils allient le plus souvent méthodologie et puissance statistique, ce qui n’est pas forcément le cas à l’étranger ».

Douleurs chroniques. Les deux-tiers de ces travaux ont été conduits en rhumatologie. Le Pr Roques relève d’ailleurs que « cette proportion correspond également à celle que l’on retrouve dans les centres thermaux ». De nombreuses études montrent en effet que les douleurs chroniques de l’arthrose du genou, des lombalgies chroniques, des tendinites de l’épaule et de la fibromyalgie « sont améliorées de manière appréciable par les cures thermales. Cette amélioration étant globalement supérieure à celle des groupes-témoins », poursuit-il. La Haute Autorité de Santé (HAS) reconnait d’ailleurs depuis 2000 que le « thermalisme peut être proposé dans la prise en charge du lombalgique chronique car il a un effet antalgique ».

Anxiété, surpoids… Au-delà de la rhumatologie, des travaux montrent les bienfaits des eaux de sources contre le stress. « A tel point qu’elles permettent de diminuer, y compris sur la durée, le recours aux antidépresseurs », souligne le médecin. De la gestion du stress au burn-out, il n’y a qu’un pas… que des centres thermaux ont déjà franchi en proposant des cures pour prévenir ce trouble anxieux.

Le Pr Roques cite également des études qui mettent en évidence une efficacité du thermalisme dans la prise en charge des adultes en surpoids ou obèses et encore dans la dermatite atopique de l’enfant. « Le thermalisme fait partie des médecines complémentaires », enchaîne le Pr Roques. « Nous sommes aujourd’hui en présence d’une approche scientifique dont le service médical rendu repose sur un nombre croissant d’étude consistantes ».

Curistes. L’an passé, 570 000 Français ont effectué une cure dans l’un des 110 établissements dédiés, situés dans les 89 stations thermales du pays. Les deux-tiers sont des femmes. Et deux curistes sur trois ont également plus de 60 ans. Le coût moyen d’une cure (18 jours consécutifs) s’élève à 1 600€. La prise en charge par l’Assurance-maladie se situant entre 400 et 600€ selon les cas.

Assurance-maladie. Rappelons qu’une cure thermale doit obligatoirement être prescrite par votre médecin. Ou par votre chirurgien-dentiste dans le cas des affections des muqueuses bucco-linguales, qui font partie des 12 indications thérapeutiques bénéficiant d’une prise en charge par la Sécurité sociale. Les 11 autres orientations thérapeutiques étant les suivantes : affections digestives, psychosomatiques et urinaires, dermatologie, gynécologie, maladies cardio-artérielles, neurologie, phlébologie, rhumatologie, troubles du développement chez l’enfant et voies respiratoires.

Quelques contre-indications. Il s’agit d’affections évolutives susceptibles d’être aggravées par la cure : cancers, maladies inflammatoires en poussée, infections actives. Et de maladies ne permettant pas de supporter la cure sur le plan général, en présence notamment d’insuffisances cardiaque et respiratoire.

Adresses utiles :

  • Source : Interview du Pr Christian-François Roques, 19 avril 2016, AFRETh.org et Ameli.fr, sites consultés le 19 avril 2016

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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