Les uvéites, une cause de cécité encore peu connue

12 octobre 2016

Elles sont considérées comme des maladies rares et pourtant les uvéites, encore trop méconnues du grand public, provoquent chaque année des centaines de cas de cécité en France. Notamment chez les personnes professionnellement actives. A l’occasion de la Journée mondiale de la Vue, le 13 octobre, les explications du Pr Antoine Brezin, chef de service d’ophtalmologie du groupe hospitalier Paris Cochin.

« L’uvéite est synonyme de toute forme d’inflammation intraoculaire au niveau de l’uvée, à l’intérieur de l’œil », indique le Pr Antoine Brezin. Il faut donc parler des uvéites. « Il peut s’agir d’une maladie purement inflammatoire, infectieuse ou non infectieuse. Il y a plusieurs manières de classer les uvéites, selon les zones atteintes. Par ailleurs certaines uvéites peuvent être aiguës et d’autres chroniques ».

A chaque type d’uvéite correspondent des symptômes bien spécifiques. « Si vous souffrez d’une uvéite antérieure aiguë non infectieuse qui est la forme la plus répandue, les symptômes sont très parlants : yeux rouges, douloureux et baisse de la vision. Elle est d’ailleurs souvent associée aux spondyloarthrites », précise le Pr Brezin. D’autres formes d’uvéite évoluent lentement et touchent le segment postérieur de l’œil. « Dans ce cas, le patient va se plaindre de la perception de mouches volantes. Mais son œil ne sera ni rouge, ni douloureux. D’après les estimations, le nombre de personnes atteintes d’uvéite est d’une sur 1 000 ».

Des conséquences parfois irréversibles

Selon notre spécialiste, « les uvéites sont responsables de 10% des cécités dans les pays de l’hémisphère nord. Ces handicaps visuels surviennent chez des personnes jeunes, en pleine période d’activité professionnelle ». Elles constituent la 4e cause de perte de la vision dans les pays développés, avec une baisse de 25% des capacités visuelles chez la moitié des patients atteints.

Ces maladies peuvent également être à l’origine de complications. « Sans prise en charge adaptée, l’inflammation prolongée risque de provoquer des complications secondaires, comme un œdème maculaire, un  glaucome ou encore une cataracte. D’où l’importance d’une prise en charge précoce, d’autant que les uvéites retentissent de manière importante sur la qualité de vie des patients. »

Quelle prise en charge ?

Concernant la prise en charge médicale, le Pr Brezin rappelle que d’énormes progrès ont été réalisés. Résultat, chez les patients diagnostiqués précocement, il est possible d’arrêter l’évolution de la maladie. De manière générale, le diagnostic repose sur le tandem ophtalmologiste/médecin généraliste. Pour les uvéites plus « complexes », l’ophtalmologiste pourra travailler en association avec un interniste/rhumatologue. En effet, les causes et les origines des uvéites sont multiples, ce qui nécessite un diagnostic et un suivi médical par des équipes pluridisciplinaires. Objectif, identifier la maladie le plus précocement possible.

  • Source : Interview du Pr Antoine Brezin, 2 septembre 2016

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

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