VIH/SIDA : le traitement préventif à la demande, ça marche !

29 octobre 2014

« Une réduction très importante du risque de VIH ». L’essai clinique ANRS-IPERGAY a montré, avant son terme, que la prise d’un comprimé d’antirétroviral avant un rapport sexuel – appelée prophylaxie pré-exposition (PrEP) – réduisait significativement le risque d’infection au virus du VIH/SIDA. A tel point que les chercheurs ont décidé d’en faire bénéficier tous les participants. Explications.

L’essai clinique français ANRS-IPERGAY réalisé auprès de 400 homosexuels en France était mené jusqu’à présent en double aveugle et contre placebo. En d’autres termes, ni les participants, ni les médecins ne savaient lesquels des volontaires recevaient l’un ou l’autre des comprimés (un antirétroviral Truvada® ou un placebo). Le principe de l’essai, lancé en février 2012, étant de prendre le médicament uniquement au moment du rapport sexuel, exposant potentiellement au virus. L’utilisation de préservatifs étant toujours recommandée aux volontaires. A partir de maintenant, « tous les participants de l’essai vont bénéficier de la PrEP à la demande, au moment de l’exposition sexuelle ».

Ce sont les résultats spectaculaires d’une autre étude, britannique cette fois, qui ont alerté les chercheurs français. Celle-ci était menée chez des homosexuels dont certains recevaient l’antirétroviral en préventif quotidiennement tout au long de l’année. Au vu des résultats intermédiaires, montrant que la PrEP se révélait « hautement protectrice contre le VIH », son comité indépendant a recommandé le 16 octobre dernier de la donner en continu à tous les participants.

Vers de nouvelles recommandations de prévention ?

Le comité indépendant de l’essai ANRS-IPERGAY a tiré les mêmes conclusions que son équivalent britannique, après avoir levé l’aveugle et observé une protection supérieure contre le virus chez les participants du groupe Truvada®. « Les résultats complets de l’essai devraient être disponibles début 2015 », indique l’Agence nationale de Recherche sur le SIDA et les hépatites virales (ANRS). Ensuite, « il va se poursuivre pendant au moins un an, car il est important de s’assurer du maintien du bénéfice sur le long terme et d’en apprécier la tolérance », précise l’agence.

« C’est une avancée majeure dans la lutte contre le VIH », se réjouit le Pr Jean-François Delfraissy. Mais, précise le Pr Jean-Michel Molina, coordinateur de l’essai, « l’efficacité observée ne doit pas faire oublier que le préservatif reste la pierre angulaire de la prévention ». Ces résultats « devraient [néanmoins] faire évoluer les recommandations nationales et internationales en matière de prévention contre le VIH », conclut le Pr Delfraissy.

  • Source : ANRS, 29 octobre 2014

  • Ecrit par : Dominique Salomon

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