Accouchement : pour un usage raisonnable de l’oxytocine

22 décembre 2016

Couramment utilisée, l’administration d’oxytocine permet d’accélérer le travail lors de l’accouchement. Bien qu’efficace dans de multiples situations, cette technique n’est pas sans risque et mérite donc quelques précautions. Le point auprès du Conseil national des Sages-Femmes de France (CNSF).

 En favorisant la dilatation du col de l’utérus et l’expulsion du fœtus, l’ocytocine accélère les différentes étapes de la naissance. Naturellement sécrétée par l’hypothalamus, notamment au moment de l’accouchement et pendant l’allaitement, elle existe aussi dans sa forme synthétique, l’oxytocine.

Depuis août 1970, cette hormone dispose d’une AMM. Elle est prescrite sous forme d’ampoule dans des conditions bien précises : « des contractions utérines insuffisantes au début ou pendant le travail, en cas de chirurgie obstétricale (césarienne, interruption de grossesse…) pour favoriser la rétraction utérine, ou encore en cas d’atonie utérine consécutive à une hémorragie du post-partum (HPP) », précise le CNSF. En plus de ces cas particuliers, l’oxytocine est employée même si aucune complication ne se présente. L’objectif étant de « raccourcir la durée du travail dans l’optique de diminuer la morbidité maternelle et fœtale associée à un travail prolongé ».

Des bénéfices… et des risques

En France, 64% des femmes en travail ont bénéficié d’oxytocine en 2010. Or « comme toutes les substances actives, ce médicament n’est pas dépourvu d’effets secondaires ». Aux Etats-Unis, il est même considéré « comme potentiellement à risque. Son utilisation est associée à des événements indésirables graves tels que les anomalies de la contractilité utérine entraînant des troubles du rythme cardiaque fœtal (RCF) ». En 2011, l’INSERM a d’ailleurs publié une étude « mettant en garde contre le risque d’hémorragie grave du post-partum consécutive à l’administration d’oxytocine pendant le travail ».

Parcimonie et précaution

Pour sécuriser l’administration de cette hormone, le CSNF préconise :

  • Un meilleur accompagnement des sages-femmes et gynécologues-obstétriciens dans la pratique de ce geste ;
  • Une information renforcée « du corps médical sur les risques et les bénéfices » liés à cette injection. En effet, « le sur-risque observé augmente avec la dose d’hormone prescrite », explique le Dr Catherine Deneux-Tharaux endocrinologue et chercheur à l’INSERM (unité 1153) ;
  • Une sensibilisation accrue des usagers « pour leur offrir la possibilité d’un accouchement le plus physiologique possible ». En France, le taux de médicalisation (déclenchement, péridurale, épisiotomie, administration d’oxytocine…) de l’accouchement dépasse la moyenne européenne. Rendre moins automatique cette administration d’oxytocine va dans le sens de la physiologie. « Il ne s’agit pas de ‘démédicaliser’ mais de mieux prescrire, la juste dose, au bon moment », précise le Dr Camille Le Ray, gynécologue obstétricienne à l’AP-HP et membre du Conseil national des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF).
  • Source : Conseil National des Sages-Femmes de France (CNSF), décembre 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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