La vaccination contre la grippe, c’est aussi pour les enfants !
25 avril 2024
En pleine semaine européenne de la vaccination, les professionnels de la petite enfance alertent : alors que le vaccin contre la grippe est recommandé par les autorités sanitaires françaises depuis 2023 pour tous les enfants et adolescents (de 2 à 17 ans), seuls 20 % des parents sont au courant et font vacciner leur progéniture. Mais au fait, quel est l’intérêt de vacciner tous les enfants, y compris ceux qui ne sont pas à risque de forme sévère de l’infection ?
La vaccination contre la grippe est recommandée annuellement, notamment pour les personnes à risque telles que les plus de 65 ans, celles en situation d’obésité, celles souffrant de maladies chroniques, les femmes enceintes et les soignants. Récemment, la Haute Autorité de Santé (HAS) a également recommandé la vaccination antigrippale – sans la rendre obligatoire – pour l’ensemble des enfants et les adolescents, de 2 à 17 ans, même sans maladies associées (comorbidités).
Les études montrent une bonne tolérance et efficacité des vaccins pour prévenir l’infection grippale chez les 2 – 17 ans, de 78 % pour les vaccins vivants atténués, et de 64 % pour les vaccins inactivés. Ces vaccins ont aussi la capacité, lorsque la personne contracte l’infection, de réduire sa sévérité.
20 % des parents au courant de la préconisation de la HAS
Les professionnels de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) alertent : la saison hivernale 2023-2024 n’a pas fait exception, avec une forte incidence de la grippe touchant toutes les tranches d’âge, une augmentation des consultations médicales ainsi qu’un fort taux d’absentéisme scolaire et professionnel. Selon le bilan de Santé publique France, l’épidémie de grippe s’est étendue de fin décembre à fin février, soit sur 10 semaines au total. 1,5 million de consultations pour syndrome grippal (réseau Sentinelles) ont été recensées et la sévérité de l’épidémie a été classée comme modérée avec 14 000 hospitalisations après passage aux urgences.
Selon une enquête menée par mpedia, le site grand public de l’AFPA dédié à l’aide à la parentalité, seulement 20 % des parents interrogés sont informés de cette recommandation alors que 80 % des professionnels de santé le sont. Parmi ceux informés, 20 % l’ont été par les médias et près de 40 % par un professionnel de santé. Environ 75 % des parents ne considèrent pas important de faire vacciner leurs enfants contre la grippe, ou bien n’en sont pas certains. En outre, 85 % des parents n’ont jamais entendu parler d’un vaccin contre la grippe par voie nasale pour les enfants de 2 à 17 ans, et ceux qui en avaient connaissance l’ont majoritairement appris par les médias.
Au final, les données recueillies par l’assurance maladie révèlent une couverture vaccinale insuffisante chez les enfants.
Grippe, 5 vaccins autorisés chez les enfants
Les parents méconnaissent largement les dangers de la grippe pour leurs enfants. Toujours selon l’enquête mpedia, plus de la moitié des parents interrogés considèrent la grippe comme une maladie peu sérieuse chez les enfants. De plus, bien que 70 % des médecins soutiennent la vaccination antigrippale, une majorité de parents n’a pas reçu d’information à ce sujet. En effet, la vaccination est rarement proposée aux enfants ne présentant pas de facteurs de risque. Parmi les enfants à risque, souffrant de maladies chroniques, seulement 50 % ont été vaccinés cette année.
Tant les parents que les professionnels de santé conviennent que le vaccin administré par voie nasale pourrait faciliter la vaccination. Si cinq vaccins disposent d’une autorisation de mise sur le marché chez l’enfant, la HAS a émis une recommandation préférentielle pour le vaccin par voie intranasale. On pourrait penser en effet que ce mode d’administration plus simple (pulvérisation dans le nez) soit mieux accepté par les enfants et leurs parents.
Les enfants, des foyers épidémiques
Les avantages d’une bonne couverture vaccinale des 2-17 ans en matière de santé publique sont multiples. Tout d’abord, un avantage individuel, visant à protéger contre les conséquences de la maladie. En effet, les enfants de moins de 15 ans, en particulier ceux âgés de 2 à 5 ans, représentent une part importante des cas de syndrome grippal observés en consultation de médecine de ville (9 % pour les moins de 2 ans, 19 % pour les 2-5 ans, 15 % pour les 6-14 ans) mais aussi aux urgences (14 % pour les moins de 2 ans, 23 % pour les 2-5 ans, 15 % pour les 6-14 ans). Ceci alors même que ces tranches d’âge ne représentent respectivement que 2 %, 5 % et 11 % de la population !
Ensuite, il existe un avantage individuel dit « indirect » : cette vaccination pourrait alléger la charge de la grippe dans les services pédiatriques. Enfin, un avantage collectif reste trop peu connu : les enfants sont le véritable réservoir à virus grippaux. En les vaccinant, on peut espérer limiter la propagation de la maladie au sein de la population générale et protéger ainsi les personnes âgées et celles à risque de formes sévères.
A noter : Le vaccin antigrippal chez les 2-17 ans est remboursé par l’Assurance-maladie.
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Source : Grippe : ouvrir la vaccination à l’ensemble des enfants âgés de 2 à 17 ans/ HAS 09 févr. 2023 ; Infections respiratoires aiguës (grippe, bronchiolite, COVID-19). Bilan de la saison 2023-2024.Bulletin du 17 avril 2024 ; « Grippe saisonnière et vaccination de votre enfant », enquête mpedia réalisée sur un échantillon de 611 parents, mars 2024 ; « Les professionnels de santé et le vaccin contre la grippe », enquête de l’AFPA, menée auprès de 444 professionnels de santé (378 pédiatres et 62 médecins généralistes), avril 2024
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Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet