Que faire de vos vieilles radiographies ?
26 mars 2012
Jeter ses anciennes radiographies médicales est fortement déconseillé. En tout cas pas n’importe quand, et encore moins n’importe où. Elles sont en effet des éléments précieux pour « suivre » l’évolution de notre état de santé. Et puis… elles contiennent des composants très peu biodégradables (lorsqu’ils le sont…) et notamment des matières plastiques et des sels d’argent. Devons-nous pour autant les conserver toutes ? Et dans le cas contraire, où et quand s’en débarrasser ? Le Pr Jean-François Meder, chef du pôle « Imagerie morphologique et fonctionnelle » à l’hôpital Sainte-Anne de Paris est membre de la Société française de radiologie. Il vous aide à faire le tri dans vos radios.
« J’encouragerais les patients à conserver toutes leurs radiographies », recommande-t-il. Et cela, même si les établissements de santé sont tenus de conserver tous les dossiers médicaux « pendant 20 ans après le dernier contact (qu’ils ont eu) avec le patient. Pour les enfants, (ils doivent même les conserver) au moins jusqu’à la date de leur 28e anniversaire ». Le décret n° 2006-6 du 4 janvier 2006 précise que « par analogie, il est souhaitable que l’archivage interne du service de radiologie prévoit, pour les malades externes, une conservation de la même durée ». Il devrait donc en théorie, être possible de retrouver une copie de toutes les radiographies effectuées en France.
En revanche, une fois qu’un patient est décédé, ses radiographies n’ont plus besoin d’être conservées. Elles ne doivent cependant pas être éliminées n’importe comment. Pour éviter de polluer gravement l’environnement (mais aussi pour préserver le secret médical), elles ne doivent jamais être jetées avec les déchets ménagers.
S’en débarrasser sans polluer
Les radiographies sont des déchets dangereux. Elles contiennent en effet des sels d’argent que les installations de traitement des ordures ménagères ne peuvent gérer. Si des radiographies sont jetées à la poubelle, l’argent qui est un métal lourd comme le mercure, sera libéré dans l’environnement Il en résultera une pollution des eaux et des sols. Par ailleurs, il n’est pas anodin de savoir qu’une radiographie abandonnée dans la nature, aura besoin de plus de 300 ans pour se dégrader !
Lorsqu’elles sont retraitées par des sociétés spécialisées, les radiographies sont recyclées. Une fois récupéré, l’argent métal qu’elles renferment « est purifié pour être réintroduit dans le circuit commercial du métal précieux. Le recyclage d’une tonne de clichés permet de récupérer 10 kg d’argent. Le support radiographique quant à lui, sert par exemple à la fabrication de polyester », explique le représentant d’une société de collecte et de traitement des déchets.
Des collectes organisées
Des collectes particulières existent en France. Elles sont effectuées par des sociétés spécialisées, ou les collectivités locales. C’est le cas de la Communauté de communes du secteur de Derval, en Loire-Atlantique. A la fin mars 2012, celle-ci mettra à disposition des habitants des collecteurs en carton, au siège de la collectivité et dans la déchetterie intercommunale. La société Rhône-Alpes Argent pour sa part, recueille ces déchets dangereux et reverse une partie de l’argent ainsi recueilli à la Ligue contre le cancer…
« Malheureusement, ce type d’initiatives reste trop rare et ne couvre pas l’ensemble du territoire. Les pharmaciens ou les médecins – qui sont bien souvent les principaux interlocuteurs des patients- sont rarement volontaires pour centraliser ces déchets », se désole Jean-François Meder. Toutefois, Rhône-Alpes Argent organise un peu partout en France une collecte de radiographies, grâce à des points disposés dans les établissements de santé, ainsi que dans certaines déchetteries gérées par les municipalités ou les Communautés de communes. Petit à petit, l’idée fait son chemin…
Aller plus loin :
Consultez la carte des points de collecte organisés par Rhône-Alpes Argent.
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Source : Communauté des communes du secteur de Derval, Loire-Atlantique, 28 février 2012 ; interview du Pr Jean-François Meder, chef du pôle « Imagerie morphologique et fonctionnelle » à l’hôpital Sainte-Anne à Paris et membre de la Société française de radiologie, 5 mars 2012 ; Rhône-Alpes Argent, site consulté le 13 mars 2012