











Baptisé Geocap, ce travail a été conduit par une équipe de l’INSERM, de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire (IRSN) et le Registre national des maladies hématologiques de l’enfant, à Villejuif. Entre 2002 et 2007, les auteurs ont recensé 14 cas de leucémie parmi des enfants de moins de 15 ans habitant un rayon de 5 km autour d’une centrale. Cette incidence est semble-t-il, deux fois supérieure à celle qui est observée chez des enfants vivant à plus de 20 km de ces installations.
« Ce travail suggère un lien possible entre les leucémies et le voisinage proche d’une centrale », indiquent les auteurs. Ils ajoutent en s’entourant de précautions, que cette association « n’est pas – dans cette étude en tout cas – expliquée par les rejets gazeux issus des centrales ». Autrement dit, la diminution du risque observée au fur et à mesure que l’on s’éloigne d’une centrale ne signifie pas que le sur-risque soit forcément lié aux rejets nucléaires…
De nouvelles études attendues
Les auteurs par conséquent, demandent de nouvelles études. A leurs yeux, elles sont nécessaires pour en savoir davantage « sur les facteurs de risques en lien avec le voisinage d’une centrale ». Ils insistent également pour qu’elles soient réalisées à l’échelle « internationale ».
Ces derniers temps, plusieurs travaux ont été publiés sur le sujet. Les inquiétudes avaient resurgi à la parution de deux études allemandes. Celles-ci en effet, signalaient une augmentation de l’incidence des leucémies chez les enfants âgés de moins de 4 ans habitant un rayon de 5 km autour d’une centrale nucléaire. Elles avaient provoqué la mise en place en France, d’un groupe de travail « pluraliste », présidé par le Pr Danièle Sommelet, onco-pédiatre à Nancy.
“Ne pas mélanger agenda politique et santé”
Spécialistes de l’industrie nucléaire, épidémiologistes, hémato-oncopédiatres, représentants des milieux associatifs et de la société civile, ont publié leur rapport en novembre dernier. Celui-ci avait montré que « les connaissances ne permettaient pas de conclure à l’existence d’un lien entre les leucémies de l’enfant et la proximité d’une installation nucléaire, bien que certaines études aient montré la présence d’excès possibles ». Ils appelaient également à « la poursuite et au développement des recherches épidémiologiques en cours, couplés avec l’étude des expositions à d’autres substances cancérigènes potentielles et des facteurs génétiques favorisant la leucémogénèse ».
Interrogé par l’Agence de Presse Destination Santé, le responsable du laboratoire d’épidémiologie de l’IRSN appelle à la prudence. Pour Dominique Laurier, le travail qui vient d’être publié ne porte que « sur 14 cas, observés en 6 ans dans toute la France. » La faiblesse de l’échantillon en elle-même, doit selon lui inciter à la prudence dans l’interprétation des résultats.
« Et surtout dans le contexte actuel à quelques mois d’une élection présidentielle », ajoute le Patrick Tounian, secrétaire général de la Société française de Pédiatrie (SFP). « La position de la SFP est très claire : il ne faut pas mélanger agenda politique et santé. Et à l’heure actuelle, on ne peut pas affirmer que le fait de vivre à proximité d’une centrale expose à un risque de leucémie chez l’enfant ».
Aller plus loin :
– Téléchargez le résumé de l’ étude Geocap ;
– Consultez l’intégralité du rapport de novembre 2011 (ASN/DGS).
Source : International Journal of Cancer, 5 janvier 201, DOI: 10.1002/ijc.27425 – interview de Dominique Laurier, 12 janvier 2012 - Interview du Pr Patrick Tounian, 12 janvier 2012