« Professions réglementées » : une pilule difficile à avaler pour les pharmaciens

02 septembre 2014

En juillet dernier, nos confrères du journal Les Echos rapportaient les grandes lignes d’un rapport confidentiel de l’Inspection générale des Finances (IGF) sur les monopoles des professions réglementées. Parmi elles, les pharmaciens titulaires d’officine. Bercy souhaiterait notamment « mettre fin aux marges disproportionnées que gagnent les pharmacies sur les médicaments non remboursés ». La réaction des principaux concernés ne s’est pas faite attendre.

Dans son document, l’IGF recommande notamment d’étendre la vente des médicaments non remboursables aux grandes et moyennes surfaces. Ainsi peut-on y lire que « le prix de ces médicaments aurait explosé ces dernières années. De fait sur les 6 milliards de pouvoir d’achat à redonner aux Français, 400 millions d’euros seraient captés indûment par les pharmaciens. »

Il n’en fallait pas plus à l’Ordre national des Pharmaciens pour monter au front et fustiger ledit rapport.  Pour Isabelle Adenot, la Présidente du Conseil, « fort heureusement pour les Français cette affirmation est fausse. Le prix des médicaments PMF (Prescription médicale facultative, ndlr) non remboursables est stable entre 2009 et 2013, il augmente moins vite que l’inflation. » Pour elle, « ce rapport est entaché par des erreurs dont le nombre et l’ampleur est édifiant et oblige à se poser la question du sérieux du travail de l’IGF… » Il est vrai que l’on peut y lire que les médicaments non remboursables sont soumis au taux réduit de la TVA de 5,5%. Or, depuis le 1er janvier 2014, ce taux s’établit à 10%… et il était de 7% depuis 2012. (Même si le rapport est considéré comme confidentiel, l’Ordre a publié sur son site une copie, ndlr).

Un avis partagé par l’Académie nationale de Pharmacie pour qui cette déréglementation n’est qu’un « mauvais coup pour la santé publique ». Selon les Académiciens, « banaliser la dispensation des médicaments risque de favoriser contrefaçon et mésusage, que seule la qualité, la rigueur et la spécificité de la chaîne de responsabilité pharmaceutique actuelle permettent justement d’éviter ».

La fin du Numerus clausus ?

Autres propositions « chocs », la fin du Numerus Clausus et la liberté d’installation des pharmaciens d’officine. En clair, ne plus réguler le nombre de personnes habilitées à exercer une profession et prendre le risque de voir des régions « moins attractives » se désertifier. Pour l’Académie, « garantir l’accès permanent aux médicaments et produits de santé sur l’ensemble du territoire français, et notamment en zone rurale, est une nécessité primordiale en matière de santé publique. » Et de conclure, « toute déréglementation contredirait de fait le projet de loi ‘Santé’, présenté en juin 2014, fondé sur la proximité des soins ».

  • Source : Ordre nationale des Pharmaciens, août 2014 – Académie nationale de Pharmacie, septembre 2014

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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