Le blues de l’allaitement ? Un phénomène méconnu
19 septembre 2013
Lorsqu’elles allaitent, certaines femmes ressentent une sensation désagréable de mal-être. Bien que rare, ce phénomène – longtemps ignoré – a récemment été baptisé, dans les pays anglo-saxons, du nom de D-mer, pour Dysphoric milk ejection reflex (réflexe d’éjection dysphorique). Il s’agit d’une réaction à l’éjection du lait due à un désordre hormonal. Explications.
« Au moment où le réflexe d’éjection survient, c’est-à-dire quand le lait coule pendant la tétée, la maman ressent une perturbation de l’humeur qui est caractérisée par un sentiment déplaisant », explique Carole Hervé, consultante en lactation à Paris. « Elle éprouve comme une profonde tristesse, à l’opposé de l’euphorie. C’est ce que l’on appelle la dysphorie. »
Ce phénomène, encore peu étudié, serait dû à un trouble hormonal, et plus précisément à un défaut de dopamine. En effet, en temps normal, ce neurorécepteur régule –entre autres – la production de lait, en dehors des tétées, de façon à ce qu’il ne coule pas sans discontinuer. Mais au moment de nourrir l’enfant, la dopamine baisse pour permettre à la prolactine de stimuler la production de lait. Or chez les victimes de la D-mer, elle chute de façon trop importante ou trop rapide. Résultat, si ces mères ont du lait, elles ressentent des vagues de sentiments négatifs, allant de la crainte à la colère ou l’anxiété.
« Les femmes qui vivent cette désagréable expérience se sentent isolées. Il est important d’en parler, même si on ne sait que peu de choses de ce trouble », souligne Carole Hervé.
Quelles solutions ?
« Comme le phénomène est encore peu documenté, les solutions restent empiriques », admet Carole Hervé. Toutefois, « il est possible de trouver des alternatives pour ne pas abandonner totalement l’allaitement. » Par exemple, si la femme a des montées de lait fréquentes, il peut être utile de revenir à un allaitement plus contrôlé, complété par des biberons. « Pour modérer la lactation, elles peuvent donner un seul sein par tétée ou le même sur plusieurs tétées si l’enfant prend suffisamment de poids. »
Autre option : penser à autre chose pendant la tétée. « Lire, discuter, regarder la télévision permet à certaines d’être plus à l’aise », indique Carole Hervé. Enfin, « il existe quelques conseils pratiques testés par certaines mamans :
- Boire beaucoup d’eau ;
- Se reposer un maximum, « même si ce n’est pas évident avec un nourrisson » ;
- Faire de l’exercice ;
- Pratiquer l’acupuncture. »
Pour aller plus loin, consultez les sites Internet suivant (en anglais) :
- d-mer.org;
- Facebook d’Alia Macrina Heise, fondatrice du site d-mer.org;
- Un blog sur le sujet (en anglais).
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : David Picot